De ces grands contemporains qu’il a presque tous connus personnellement, Winston Churchill, prix Nobel de littérature en 1953, dresse des portraits inoubliables, tant son style est étincelant. On retient naturellement les grands Britanniques qu’il a côtoyés, dans le monde littéraire (Bernard Shaw, H.G. Wells), militaire (Haig), diplomatique (Lawrence d’Arabie) ou politique (George V, Édouard VIII, duc de Windsor). Au détour de son admiration pour son ami Charlie Chaplin, on découvre son goût pour les arts du spectacle. Mais ce virtuose de la plume fait aussi la part belle aux étrangers : sa charge contre Trotski, qu’il n’a jamais rencontré mais sans cesse combattu, ou son portrait tout en nuances du Kaiser déchu, qui l’avait invité avant la guerre, n’ont rien perdu de leur actualité. Par ailleurs, son numéro d’équilibriste quand il traite en 1937 du « caporal Hitler », devenu tout-puissant chancelier d’Allemagne, a acquis un intérêt accru avec le recul dont nous bénéficions. Enfin, la lucidité de son analyse des deux France, celle de Clemenceau à gauche et celle de Foch à droite, reste d’une étonnante pertinence.