Qui n'a jamais imaginé, avec bonheur ou effroi, tomber sur un tyrannosaure rugissant au détour d'un chemin ? Cette idée nous semble crédible depuis la sortie de Jurassic Park. On nous annonce souvent, d'ailleurs, une nouvelle prouesse d'ingénierie génétique qui nous promet l'amélioration d'une espèce, dont la nôtre, ou la renaissance prochaine d'un mammouth. Depuis des millénaires l'homme bricole les gènes des plantes et des animaux qui l'entourent grâce à la sélection artificielle. Cette méthode a permis aux humains de domestiquer de nombreuses espèces et même, plus récemment, de fabriquer la copie d'un aurochs, une espèce éteinte il y a près de cinq cents ans. Toutefois ces prouesses techniques nous placent devant une évidence : les espèces s'éteignent. Pourquoi ? Une première explication est qu'elles se transforment en évoluant. Ensuite, elles disparaissent progressivement lorsqu'elles deviennent inadaptées à des conditions changeantes de leur environnement. La crise de la biodiversité que nous traversons actuellement ressemble plutôt à une extinction de masse. Mais aujourd'hui, aucune météorite et aucun volcan n'est incriminé : pour la première fois, c'est une espèce unique portée par la Terre qui est responsable, la nôtre ! La résurrection des espèces serait-elle la solution pour contrer l'érosion de la biodiversité ? Faut-il investir de l'énergie et des fonds dans la renaissance d'espèces éteintes ou vaut-il mieux concentrer les efforts dans la conservation des espèces menacées ? La renaissance d'un mammouth n'est pas qu'une question de génie génétique, c'est aussi un thème philosophique qui interroge notre relation avec le monde passé, présent et futur.