S.Pri Noir rappe depuis dix ans et s'il ne sort son premier qu'aujourd'hui, sa carrière est pourtant déjà bien remplie. Sa particularité, c'est que c'est un rappeur de cité qui n'a jamais trop donné dans le rap de cité, même s'il sait très bien en faire. C'est justement parce qu'il construit son propre truc depuis des années qu'il est aussi en place, aussi respecté, admiré, suivi par ses pairs. Masque Blanc est tout sauf un disque typique de la scène rap hexagonale de 2018. Des featurings, de longues plages où les rythmiques sont discrètes sinon absentes, et puis des choses carrément venues d'ailleurs, que ce soit de la musique sénégalaise, de la house et puis ça et là, beaucoup de ces vibrations caribéennes, hispaniques, électro ou R&B qui composent aujourd'hui la matière première de la pop globale. C'est un disque qui évoque fois les débuts d'S.Pri Noir - notamment son goût précoce du "kickage" à l'ancienne, c'est à dire de ces flows virtuoses et rentre-dedans façon Time Bomb ou Secteur Ä - et qui s'ancre dans un présent où le rap, devenu la langue musicale la plus parlée de France, n'est non plus juste un genre musical, mais le mode d'expression le plus répandu et le plus diversifié dont s'empare la jeunesse.