Léopold Kopriva, philosophe et universitaire, vit cloîtré chez lui, à guetter le moment où " ils " viendront pour l'emmener " là-bas ". Il boit, se bourre de médicaments, se sent malade, n'arrive pas à écrire. Sa compagne Zuzana le rabroue, son ami Olbram lui reproche d'avoir changé, deux ouvriers viennent le voir pour l'exhorter à " agir ", Lucy se jette à sa tête en lui promettant de le sauver par l'amour.
C'est alors qu'" ils " arrivent, chargés d'une proposition : le livre de Léopold qui n'a pas plus aux autorités, il lui suffira de déclarer qu'il a été écrit pas un autre pour bénéficier d'un non-lieu. Léopold demande à réfléchir : peut-il, pour sauver sa peau, prétendre qu'il n'est pas lui ? Mais n'est-il pas déjà devenu un autre, puisqu'il reprend à son compte les reproches qu'on lui fait ? Et c'est au moment où il décide de sortir de son angoisse en jouant les héros pour retrouver enfin une identité que le piège diabolique se referme : pour cette fois, les autorités ont décidé de le laisser libre, tout en laissant suspendue au-dessus de sa tête l'épée de Damoclès.
C'est avec un sens affiné des ressorts dramatiques que Vaclav Havel a construit sa machine infernale, où la satire vise non seulement le système, mais le fondement même de la communication entre les êtres.