Dans La Caravane Passe, le point de vue est toujours celui du voyageur. Depuis bientôt vingt ans, Toma Feterman entraîne son groupe – et nous tous ensuite – dans un double trajet à travers les musiques des Est et des Sud de l’Europe, puis dans des tournées internationales qui s’arrêtent partout où des spectateurs rêvent de partir. En français, anglais, espagnol, catalan (la patrie de Llugs) et quelques autres langues, La Caravane Passe cavale sur les routes du partage. Le groupe invite l’ovni gnawa Mehdi Nassouli, la chanteuse flamenca Paloma Pradal, le quatuor balkano-banlieusard Aälma Dili, un accordéoniste breton, un trompettiste serbe, un cymbaliste moldave, un koriste malien, un joueur catalan de tenora – une Internationale de l’esprit nomade. Il s’agit aussi d’« inviter à la fête en ayant conscience du chaos qui nous entoure » – à mi-chemin de Nietzsche et du musicien de village. Parler du point de vue du voyageur, c’est aussi parler du point de vue du migrant, sans grand mots, sans moralisme et avec le désir furieux de danser. Aucun message politique explicite et c’est tant mieux : La Caravane Passe dit, montre et vit le plaisir, le vertige, la transe, la fraternité, la liberté. Et cela vaut tous les tracts.