Le travail est-il en crise, comme on l’entend souvent ? Dans les faits, le modèle salarial résiste bien. La très grande majorité des contrats de travail sont des CDI. Le niveau de qualification augmente ainsi que le nombre de cadres. Le pacte salarial paraît donc encore solide.
Pourtant, il faut être attentif aux signaux faibles, documentés depuis longtemps par les sciences sociales, mais que la crise de la covid-19 a rendus plus visibles. D’abord, le brouillage accru des frontières entre indépendance et salariat qui se traduit par plusieurs formes de dualisation du marché de l’emploi : « insiders » et « outsiders », « vrais » et « faux » indépendants, « vrais » et « faux » salariés… Des polarisations que le télétravail n’a fait que renforcer.
L’autre alerte concerne la précarisation d’une partie des travailleurs, surtout les jeunes, qui enchaînent petits boulots, stages et contrats courts. Dans un tel contexte, le diplôme constitue-t-il toujours une protection ? Quelles ressources collectives mobiliser pour lutter contre des formes d’atomisation du travail ? Quels sont les aspirations et les rêves des travailleurs ? En un mot, quel sens donner au travail aujourd’hui ?