Hanna Paulsberg dédie cet album à Hatchepsout qui fut l'une des cinq reines pharaonnes de l'Egypte antique ainsi qu'à toutes les femmes fortes de notre histoire qui, confrontées à la discrimination des genres, ont dû se battre contre les inégalités. Depuis que Jan Garbarek l'a propulsé sur le devant de la scène internationale à la fin des années 80, et plus spécifiquement après le succès de l'ascétique Officium en 1994, le jazz norvégien a souvent été considéré comme étant détaché émotionnellement, sans pour autant être totalement dénué de passion. Plus récemment, avec l'émergence d'une nouvelle génération de musiciens norvégiens alignés sur le créneau du mouvement electronica, la scène jazz a acquis une réputation parallèle, obnubilée par la technologie et excessivement auto-référentielle. Le Hanna Paulsberg Concept se joue des stéréotypes. Mené par la saxophoniste ténor Paulsberg, le groupe est profondément ancré dans la tradition du jazz Afro-américain. En effet, Daughter of the Sun fait même directement écho au jazz africain, et plus particulièrement au style né dans les townships noirs de l'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid. Qu'elles soient conscientes ou non, les références à Chris McGregor ou Abdullah Ibrahim et à la musique kwela, dont le style du quintette est largement inspiré, sont récurrentes. On trouve aussi des allusions au highlife d'Afrique de l'Ouest. L'atmosphère générale, comme le titre de l'album le suggère, est ensoleillée et exaltante, et bien souvent réminiscente du jazz spirituel de Pharoah Sanders et Alice Coltrane. Le Hanna Paulsberg Concept combine toutes ces résonances avec sa propre musicalité pour créer un style délicieusement ludique qui lui est propre.