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Une silhouette de marbre blanc inachevée sur lesquels se projettent nos fantasmes… Le fabuleux destin d’une star du Louvre, devenue une icône postmoderne, aussi adulée que contestée.
Découverte en 1820 par un paysan sur l’île de Milos, cette sculpture d’Aphrodite sans bras n’a cessé de cultiver son mystère, ce qui a contribué à sa légende. Munie d’un arc ou d’une pomme, elle n’aurait peut-être pas été proclamée déesse de l’amour. Objet de désir – au point d’attiser les rivalités entre les archéologues ! –, elle est devenue un canon de la beauté occidentale. En 1821, elle fait une entrée triomphale au Louvre, ravi de cette diversion antique qui vient combler le vide laissé par le départ des collections napoléoniennes, après la chute de l’Empire. À l’époque, le musée la présente comme une œuvre issue de la statuaire grecque classique. En réalité, elle est probablement née quelques siècles après, entre 150 et 50 avant J.-C., de la main d’un artiste moins prestigieux, dont on a perdu la trace.
La rançon de la gloire
Propulsée star du Louvre, la Vénus de Milo inspire les artistes, des romantiques aux surréalistes, fascinés par son inachèvement même. Aujourd’hui encore, la belle est entourée d’une nuée d’admirateurs, enchantés de se photographier à côté d’elle. Rançon de la gloire, la pop culture en a fait une figurine déclinée à l’infini, tandis que des femmes artistes opposent la réalité du corps féminin à cet idéal esthétique normatif, et que les féministes pointent sa passivité. En 2012, les Femen se sont massées devant la belle amputée pour protester contre le viol d’une femme par des policiers, le poing ironiquement levé, aux cris de "We have hands to stop rape!". Ponctué d’interventions d’historiens de l’art, d’un professeur d’arts plastiques, d’une philosophe ou d’artistes, ce plaisant voyage en compagnie de la doyenne des reines de beauté et de l’abondante iconographie qu’elle a suscitée, démonte aussi la fabrique d’un chef-d’œuvre.