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Un portrait sans concession de l'homme fort du Kremlin en Tchétchénie.
Pardonnées les déportations de masse ordonnées par Staline à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aux oubliettes les deux guerres d'indépendance de l'ère post-soviétique, leurs victimes par milliers et les ruines fumantes de Grozny, la capitale. Depuis qu'il a été adoubé en 2004 par Vladimir Poutine pour succéder à son père, mort dans un attentat, Ramzan Kadyrov, 41 ans, règne d'une main de fer sur la Tchétchénie, petite république inféodée à la Russie de 1,2 million d'habitants, majoritairement musulmans. À l'intérieur, les mots d'ordre sont clairs : répression contre les homosexuels, indulgence envers la polygamie, mariages forcés de mineures ou paies des fonctionnaires amputées de 10 à 50 % afin d'alimenter l'obscure Fondation Kadyrov. En contrepartie d'une généreuse enveloppe de 350 millions d'euros annuels (85 % du budget annuel du pays), la Russie lui sous-traiterait le silence des voix dissidentes, la gestion des poussées indépendantistes et la guerre contre l'islamisme radical aux confins de l'empire, du Caucase à l'Asie centrale. Forte de près de 30 000 hommes (les "Kadyrovsky"), sa vindicative garde prétorienne est en première ligne au Donbass ukrainien, et, dernièrement, en Syrie.
Qu'il invite, moyennant de grasses rétributions, une ribambelle de célébrités mondiales à fêter son 35e anniversaire ou soit pointé du doigt après de médiatiques assassinats – ceux de la journaliste Anna Politkovskaïa, de la militante tchétchène Natalia Estemirova et de l'opposant russe Boris Nemtsov –, Ramzan Kadyrov se joue par une habile propagande des enquêtes journalistiques, des chancelleries occidentales et de la justice internationale. Lancé au galop au milieu d'une troupe de cosaques, en habit de prière à La Mecque, décontracté en jean sur un plateau de télé ou dans un austère costume-cravate face à Vladimir Poutine, le président tchétchène n'est pas avare de mises en scène comme l'illustrent les effarantes archives réunies par Karl Zéro et Daisy d'Errata. Un portrait sans concession, ennrichi d'éclairages historiques sur le tragique passé de la petite République caucasienne qu'il dirige sans partage.
Le timbre profond des "Feuilles mortes", l'air d'enfant vieilli de César et Rosalie, le cabotin sublime du Milliardaire… : dans la chanson comme au cinéma, Yves Montand a été immensément populaire, dépassant son statut de saltimbanque pour devenir, au côté de sa femme Simone Signoret, l'icône de toute une génération. Pourtant, rien n'aura été facile pour l'acteur, né Ivo Livi, disparu il y a un peu moins de 25 ans, le 9 novembre 1991, à l'âge de 70 ans. Celui qui a débuté au cabaret, repéré puis épaulé par Édith Piaf, aura passé sa vie à frôler le scandale amoureux tout en fonçant tête baissée dans tous les combats de son temps, quitte à se fourvoyer, du communisme encore stalinien au libéralisme bon teint. Lignes de fuite Pour ce deuxième opus de leur collection après Charles Trenet, l'ombre au tableau, Karl Zéro et Daisy d'Errata interrogent les multiples facettes, glorieuses ou pathétiques, et les fêlures de la star Yves Montand. Le couple de réalisateurs met en évidence les grandes lignes de fuite d'une existence et d'une personnalité complexes, que la célébrité a longtemps dérobées aux regards, à travers de nombreuses archives, pour certaines inédites ou oubliées, mais aussi des entretiens approfondis avec ses proches : Jean-Louis Livi, son neveu, le cinéaste Costa-Gavras, qui lui a donné ses rôles politiques les plus marquants, de L'aveu à Z, Bernard Kouchner, qui fut à la fois un compagnon politique et un ami, et l'animateur Benjamin Castaldi, fils de Catherine Allégret. Il évoque les attouchements dont cette dernière, fille de Simone Signoret, a dit avoir été victime, toute petite, de la part de son beau-père. Entre ombres et lumière, un portrait sans concession et pourtant émouvant.
De haut(s) en bas, portrait d’un artiste qui n’en finit plus de hanter la mémoire collective, entre biopics et refrains populaires.
"Le jour où il est mort, il y a eu vraiment comme une sorte de court-circuit national", se souvient l’écrivain Yann Moix, réalisateur de Podium. À l’annonce de la tragédie, ce 11 mars 1978, des grappes de jeunes femmes hurlent leur désespoir sous les fenêtres du chanteur tandis que la France tout entière, pétrifiée, pleure la fin d’une époque de légèreté pailletée.Victime de sa maniaquerie – électrocuté en voulant redresser une applique dans sa salle de bains –, Cloclo, en disparaissant prématurément à l’âge de 39 ans, a pourtant atteint son objectif suprême : accéder au rang d’icône éternelle. Une ambition à la démesure de son énergie endiablée et de sa force de travail hors du commun, puisées dans la fêlure originelle du déracinement. Chassé de son jardin d’Éden égyptien suite à la nationalisation du canal de Suez, l’auteur de "Comme d’habitude", repris entre autres par Sinatra et Sid Vicious, trouvera dans la soul américaine – et ses covers francisées – un moyen de se reconnecter avec les rythmes orientaux de son enfance. De shows millimétrés en unes de magazines, il devient alors une inusable machine à tubes et à rêves pour la jeunesse des sixties.
Ombres et lumières
Roi du tempo et despote des plateaux, rongé par l’angoisse de sa finitude et obsédé par les très jeunes filles, Claude François a mené une existence survoltée, entre "coups de colère et coups de foudre". Scandé par ses innombrables succès et de savoureuses images d’archives, le film de Karl Zéro et Daisy d’Errata donne également la parole à des fans toujours inconsolables, à des artistes de sa génération (Dani, Alain Chamfort) et à ses proches collaborateurs (une ex-Clodette, son arrangeur Jean-Claude Petit…) pour revisiter ces multiples facettes et tenter de décrypter les raisons du mythe Cloclo, au parfum de nostalgie des Trente Glorieuses.
Qui est Vladimir Poutine ? Si l’on connaît son visage, éternellement jeune grâce au botox, et ses pectoraux qu’il aime à exhiber au grand air, son goût pour les sports et les propos extrêmes, on ignore de quel bois est réellement fait ce tsar du XXIe siècle. Insaisissable, secret, terne, l’ex-passe-muraille du KGB devenu milliardaire fait preuve d’un autoritarisme qui, s’il fait froid dans le dos vu de chez nous, a pourtant réveillé chez bon nombre de Russes un sentiment de fierté retrouvée. Peu leur importe de savoir que les Tchétchènes ne sont pas à l’origine des attentats de Moscou, qui a assassiné Anna Politkovskaïa, ou que Poutine soit l’héritier d’Yvan le Terrible et de Staline puisqu’il est parvenu à les convaincre – miracle de la propagande – qu’il avait rendu à la Russie ce qu’elle avait perdue depuis la chute du Mur : sa grandeur.
À l’heure où l’opposition à Poutine, effrayée d’en "reprendre" jusqu’en 2024, se mobilise, Dans la peau de Vladimir Poutine raconte par la propre voix de Vladimir (ou presque) l’incroyable itinéraire de celui que rien ne destinait à devenir un des maîtres du monde. Un portrait fouillé, grinçant, drôle, honnête et sans concessions qui oscille entre documentaire, film d’horreur, d’espionnage et comédie. Tout y est vrai. Hélas.
Pour Charles Trenet, tout semblait si facile, tout était léger, fugace, rêvé… "La mer", griffonnée en quelques minutes dans un train entre Narbonne et Carcassonne, fit le tour du monde et le transforma en milliardaire. Mais derrière l’insolente réussite, derrière le chapeau cloche et les yeux qui riboulent, derrière le génie poétique se cachait un autre Charles : un petit pensionnaire abandonné par sa mère, un homme secret, un "pédéraste" à une époque où l'homosexualité n’était pas tolérée. Alors, il se réfugiait dans le monde des rêves, avant d’être durement ramené à la réalité. C’est ce Charles Trenet-là que le film raconte, ce Trenet blessé, mystérieux, solitaire. Celui qui traversa le siècle sans jamais vouloir se livrer, par élégance, par désinvolture, par horreur d’avoir à se justifier. Car, sa vie durant, l'homme a été poursuivi par les ragots. Collabo pour les uns, pédophile pour les autres, Trenet n’a jamais daigné répondre. Il a souffert en silence et chanté sans relâche pour faire taire les grincheux. Karl Zéro et Daisy d’Errata font revivre ce vieux galopin sulfureux, poète dont le masque joyeux cachait mal les désespoirs, artiste solaire qui dédaignait toute forme de conventions, à travers des archives inédites et oubliées, et les témoignages de ses amis proches, parmi lesquels Charles Aznavour, Jean-Jacques Debout et Georges El Assidi.
Karl Zéro et Daisy d'Errata passent au crible le mythe Delon, cherchant à comprendre pourquoi l'acteur d'exception a choisi, à un tournant de sa carrière, de se cacher derrière son propre rôle.
Pourquoi Alain Delon, star mondiale hors catégorie, mais d'abord acteur exceptionnel passionnément attaché à son art, a-t-il choisi, il y a près d'un demi-siècle, de se figer dans un rôle, le sien, aussi spectaculaire à la ville qu'oubliable à l'écran ? À cette question frontale, ce nouveau portrait de la collection "L'ombre au tableau" (après Charles Trenet, Yves Montand et Claude François) répond par le mystère, maintes fois évoqué, d'une personnalité à jamais duelle. Si "Delon" est parvenu à incarner, en un temps remarquablement bref, un mythe, c’était aussi pour protéger "Alain", l'enfant terrible et malheureux qu'il n'aurait jamais cessé d'être. Gamin placé, engagé volontaire à 17 ans pour la guerre d'Indochine puis révoqué pour indiscipline, voyou de Marseille devenu gigolo à Paris, il est intronisé acteur par l'intermédiaire de quelques femmes inspirées, avant de voler, très vite et très loin, de ses propres ailes. De Christine (qui lui fait rencontrer Romy Schneider, en 1958) à Mr. Klein (qu'il produit lui-même, en 1976), cette réussite fulgurante, incandescente, sous l'égide notamment de ses trois "pères" de cinéma, René Clément, Luchino Visconti et Jean-Pierre Melville, précède une carrière en dents de scie, durant laquelle "Delon", qui se met lui-même en scène sans craindre de se caricaturer, affiche sa lassitude vis-à-vis de son art et du monde.
Homme à failles
Karl Zéro et Daisy d’Errata tissent extraits de films, archives en partie inédites et confidences de proches recueillies en noir et blanc, façon studio Harcourt : le cinéaste Patrice Leconte, avec qui il a tourné Une chance sur deux, le philosophe et réalisateur Bernard-Henri Lévy, qui l'a fait jouer (avec Karl Zéro) dans son film Le jour et la nuit, les actrices Nicole Calfan et Véronique Jannot, rencontrées respectivement sur les plateaux de Borsalino et du Toubib, et l’ancien commissaire divisionnaire Charles Pellegrini. Leur portrait affectueux, mais sans complaisance, met ainsi à nu l'homme à failles derrière l'icône.