Venu de nulle part ou presque, Staaten Island, une banlieue reculée de New York, un clan constitué de neuf rappeurs crée la surprise en 1996. Depuis longtemps, la parole semblait avoir été confisquée du ghetto par les moguls guerriers de Bad Boy ou de Death Row. Avec le Wu Tang, la rue retrouve le pouvoir. Même si pour cela, elle doit emprunter les chemins métaphoriques du temple shaolin, berceau chinois des arts martiaux. Rien ne brille, si ce n’est l’éclat froid de rappeurs hors norme (Method Man, Ol’Dirty Bastard, Genius et Raekwon se feront vite un nom solo), dans le sombre univers du Wu Tang.
Minimaliste et cassante, la production signée par RZA dédaigne toute notion de volume. Ce coup génial et insensé va leur ouvrir les portes du temple rap, au sein duquel ils vont régner sans partage le temps d’une poignée d’années.