Il y a un siècle et demi, Paris a connu deux sièges, les plus longs de son histoire. D'abord par l'armée prussienne (du 19 septembre 1870 au 28 janvier 1871), puis par la République elle-même, repliée à Versailles et résolue à annihiler l'insurrection de la Commune de Paris (18 mars-31 mai 1871). Aux bombardements aura succédé la destruction par les flammes de l'Hôtel de Ville, contenant les archives de l'état civil, et des Tuileries, symbole du pouvoir impérial. Pendant des mois, les Parisiens ont souffert de la faim et du froid, ils ont mangé des chiens, des rats. Ils se sont aussi dénoncés les uns les autres : près de quatre cent mille lettres anonymes ! Paris a sombré dans la guerre civile et connu les combats de rue. Du fort d'Issy au mur des Fédérés, une violence inouïe a soufflé sur la capitale. Avant la terrible répression : dix-sept mille hommes, femmes et enfants fusillés pendant la « Semaine sanglante », et plus de quatre mille déportations en Nouvelle-Calédonie. De nombreux témoins ont vécu et raconté ce siège : Victor Hugo revenu d'exil, Sarah Bernhardt, ambulancière au théâtre de l'Odéon, mais aussi les frères Goncourt, Émile Zola, Alphonse Daudet… Sans oublier tous ceux – officiers, médecins, prêtres, bourgeois, simples sol- dats ou diplomates – qui notaient chaque soir leurs impressions pour les envoyer à leur famille par pigeon-voyageur. Ils sont les narrateurs de ce récit qui se referme en 1880 avec l'amnistie des communards. Historien et documentariste, Alain Frerejean est l'auteur de biographies de Napoléon III, Churchill, Staline, Trotski, Truman, Tito, Pompidou, ainsi que d'Élisabeth et Robert Badinter (L'Archipel, 2018). Claire L'Hoër, normalienne, agrégée d'histoire, est notamment l'auteur d'une biographie d'Anne de Bretagne (Fayard, 2020). Ensemble, ils ont publié Libération, la joie et les larmes (L'Archipel, 2019).