Portail des médiathèques du réseau Paris-Saclay

40 après leur arrivée en France, les expressions artistiques de la culture hip-hop sont désormais incontournables dans la création contemporaine, en témoigne l'exposition "Hip-hop 360" à la Philharmonie en 2022. Quelles formes de reconnaissance ces créations et leurs auteurs reçoivent-ils ? Comment la conservation et la transmission de leur histoire se dessinent-elle ? Quelles circulations transnationales, marchandes ou non, les nourrissent ?

Au début du XXe siècle, les compositeurs ont cherché à enrichir leur palette de timbres en travaillant les fréquences des sons et en utilisant des micro-intervalles. Certains ont employé des sons non-tempérés de manière naturelle, d'autres ont cherché à développer des théories compositionnelles et ont oeuvré pour la création d'instruments dédiés. C'est cette histoire des instruments micro-intervallaires, instruments capables de jouer des fréquences bien identifiées ou des systèmes d'accordage particuliers, des liens entre les musiciens et industriels, entre les théoriciens et les luthiers que nous retraçons dans cette communication.

Maurice Martenot présente pour la première fois ses ondes musicales le 21 février 1928 à la Salle Gaveau et le 3 mai à l'Opéra de Paris, devant un parterre saisi par la nouveauté des timbres produits par ce nouvel instrument, qualifiés de sonorités " éthérées ". Commencée en 1930 et se déclinant en sept modèles, la production d'instruments Martenot s'est poursuivie jusqu'en 1988. Alors que la production d'instruments datant d'après la seconde guerre mondiale est assez bien identifiée, de même que le répertoire qui lui a été consacré, cette introduction porte sur une période plus méconnue, couvrant les années 1930-1939, pendant laquelle Maurice Martenot fait évoluer de façon très importante son instrument, lui donnant les caractéristiques qui en feront le succès après-guerre.

Il est devenu difficile d'échapper à la musique, au point qu'on pourrait parler d'une pollution musicale généralisée. Comble de perversion, c'est au nom d'une prétendue "évasion" que cette présence s'impose dans son insolente infinité. Mais le hors-musical n'est-il pas la condition première de la musique ? Pour le caractériser, on se tournera vers la notion de perturbation. Produire des sons musicaux, c'est mettre en place un dispositif qui suppose quelque part un parasite. Si la musique peut se faire entendre, c'est qu'elle s'échappe de l'infinité de l'univers audible sur lequel elle s'enlève, ravissant l'oreille pour la transporter dans un monde où les sons, élevés à la libéralité, sont considérés pour eux-mêmes. L'ordre de la fiction, en sa relation consubstantielle avec la liberté, est ici fortement engagé. Les conséquences intellectuelles, morales et politiques ne sont pas minces. Le hurlement d'une musique imperturbable n'est autre qu'un silence absolu. Catherine Kintzler

Pour moi, la musique ne doit jamais avoir un rapport illustratif aux images, mais plutôt dialectique. Elle charge l'image d'une autre signification, en produisant une sorte de "mood", d'esprit du film, sans être illustrative. Dans certains de mes films, la musique devient même parfois une voix d'opposition à l'image, elle la charge. Amos Gitai

Depuis de nombreuses années, Jordi Savall mène des projets humanistes qui créent des liens entre des musiciens de tous horizons et des populations qui cherchent leur place dans la société, y compris dans des situations de crise intense. Son expérience menée au sein de la Jungle de Calais, avec des réfugiés, est devenu un symbole car il a pu montrer que c'est en sollicitant la partie artistique qui existe en chacun de nous qu'un dialogue social peut reprendre. Jordi Savall a aussi interrogé l'histoire pour faire le récit, en musique, des peuples qui ont voyagé, souffert ou cherché dans la culture de nouveaux horizons. Sans pour autant devenir un homme politique, son engagement de "citoyen du monde" lui donne aujourd'hui une place centrale et fédératrice, surtout à l'heure où la crise sanitaire a fragilisé les musiciens eux-mêmes. Il montre comment la musique n'est pas accessoire dans nos sociétés, mais comment elle peut devenir le ferment d'unité et de dialogue.

J'ai été invité à parler à la Philharmonie, la maison de la musique par excellence, mais je ne pourrais jamais faire une conférence sur la musique. Je ne suis ni musicien, ni musicologue, je suis tout simplement photographe. Cependant, je viens d'un pays, le Brésil, qui est profondément musical, et la musique a eu une énorme influence sur mon parcours et a aussi été la plus grande compagne de ma vie de photographe. La musique a toujours fait partie de mon imaginaire. Je connais énormément de paroles et de mélodies, car la musique a toujours été et reste une partie importante de mon existence; je photographie en chantant. Sebastião Salgado

Lydie Salvayre est née dans une famille de républicains espagnols exilés en France en février 1939 après la victoire de Franco. Elle grandit dans un milieu où la musique est intimement liée au politique : sa mère chante les chants révolutionnaires de la guerre civile espagnole, son père écoute le flamenco pour mieux revendiquer son identité d'exilé, sa soeur aînée s'abreuve des chansons libertaires de Georges Brassens et l'initie au jazz. Dans sa conférence, elle développe les liens que la musique entretient avec le politique.

À l'occasion d'un week-end de concerts qui lui sont dédiés en 2020, Steve Reich, compositeur américain, pionnier de la musique minimaliste, interroge le rapport qu'il entretient avec les autres arts dans son travail de composition. Sa relation intime avec le peintre allemand Gerhard Richter est à l'origine de l'oeuvre Reich/Richter qui sera ensuite interprétée par l'Ensemble intercontemporain pour sa création française.