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En 1832, Eugène Delacroix entreprend un voyage au Maroc qu’il ne cessera de documenter dans des carnets, y puisant l’inspiration de ses tableaux les plus emblématiques. Une découverte éblouie de l’Orient, que retrace ce documentaire.
En février 1864, le Tout-Paris se presse à Drouot pour assister aux enchères de l’atelier d’Eugène Delacroix qui, à la veille de sa mort, a exprimé le désir que soient mises en vente les œuvres qui s’y trouvaient. Parmi elles, les sept fabuleux carnets de son voyage au Maroc, somme de notes, dessins, croquis et aquarelles, que le peintre, en précurseur de la photographie, a accumulés, capturant sur le vif rituels et scènes intimes. Car en 1832, à l’aube de la colonisation française en Algérie, l’artiste, 34 ans, chef de file du romantisme à la fois consacré et contesté, a accompagné le comte Charles-Edgar de Mornay en mission diplomatique auprès du sultan Moulay Abderrahmane. Casbah aux étroites ruelles et portes en ogive, orangers en fleur, Arabes en burnous, femmes juives et musulmanes à la douce sensualité... : ébloui, Eugène Delacroix consigne tout, inventant le carnet de voyage en même temps qu’il annonce puissamment l’orientalisme. Dans ce millier de dessins, il puisera jusqu’à la fin de sa vie en 1863 l’inspiration de quatre-vingts tableaux, dont l'emblématique Noce juive au Maroc ou l’exceptionnel Femmes d’Alger.
Pittoresque et sublime
Mêlant reconstitutions au plus près des œuvres et décryptages savants des tableaux, ce documentaire feuillette les précieux carnets pour retracer pas à pas le périple d’un artiste d’ordinaire casanier qui, ivre d’exotisme, ne cesse de s’étonner : "Le pittoresque aborde le sublime", écrit-il. Commenté par ses biographes et des historiens de l’art, ce voyage dans un Maroc peu connu au XIXe siècle en même temps qu’au cœur de son œuvre esquisse, au fil des étapes, le portrait d’un peintre-ethnologue aux yeux grand ouverts et à la flamboyante créativité.
En archives et séquences d’animation, une évocation de la fulgurance "Bird", génie du saxophone alto et improvisateur visionnaire, à l’origine du basculement du jazz dans la modernité.
Étoile filante née en 1920 à Kansas City, dans une Amérique raciste rongée par les violences sociales, Charlie Parker erre seul la nuit dès 11 ans, s’étourdissant de cigarettes et bientôt d’alcool, avant de découvrir l’héroïne à 16 ans. Précoce, ce boulimique de musique écoute tout, blues, jazz, classique, soufflant dans son saxophone alto de onze à quinze heures par jour, autodidacte virtuose et prodigieux conteur d’histoires avec son instrument. Mais les improvisations du "Yardbird" (le bleu) – son surnom avant le sacre de "Bird" −, enrôlé à 17 ans dans l’orchestre de Jay McShann, lui valent des humiliations, avant la révolution new-yorkaise du be-bop dont la furieuse énergie dope ses solos et son langage poétique dès 1940. Avec le pianiste Thelonious Monk, les batteurs Kenny Clarke ou Max Roach et surtout le trompettiste Dizzy Gillespie, frère d’âme, le génie visionnaire propulse le jazz dans l’ère de la performance, entre fulgurances et rivalités. En 1949, lors d’une tournée en Europe avec Miles Davis, le compositeur de "Koko" conquiert le Saint-Germain-des-Prés de Juliette Gréco et Boris Vian, avant les enregistrements mythiques et la gloire. Mais la mort de sa fille de 3 ans le renvoie en enfer. Le 12 mars 1955, Charlie Parker s’étouffe dans un éclat de rire, devant un show de jongleurs à la télévision. Le médecin légiste note : "homme noir, environ 53 ans". Il a 34 ans.
Comète jazzistique
Mêlant archives – dont une émouvante interview radio de Bird −, séquences d’animation inspirées par les couvertures de ses albums et éclairages de Franck Médioni, auteur d’une biographie, ainsi que de musiciens (Steve Coleman, Antonin-Tri Hoang…), ce documentaire retrace la rupture parkérienne. Par ses innovations harmoniques, rythmiques et expressives, le saxophoniste, après Louis Armstrong et Duke Ellington, a réinventé le jazz, artisan de son basculement dans la modernité. "Il reflète la rébellion des Noirs dans les villes et leur conscience qu’il faut trouver une autre identité", pointe le toujours avisé Archie Shepp. Irrigué par ses improvisations et des interprétations de ses héritiers, un portrait sensible de la comète Parker, superbement ressuscitée en 1988 au cinéma par Clint Eastwood, qui a nourri la Beat Generation, Cocteau ou encore l’art urbain de Basquiat.