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De Gaby Deslys à Mistinguett ou Joséphine Baker, deux décennies de nuits parisiennes racontent l'émergence de femmes artistes et affranchies. Un trépidant portrait choral.

Au sortir de la Grande Guerre, le désir de s'amuser pour tout oublier est le ferment d'une floraison de music-halls et de cabarets parisiens. Dans une époque toujours fermement patriarcale, la capitale va ainsi sacrer nombre de reines de la nuit. Gaby Deslys, Mistinguett, Joséphine Baker ou Suzy Solidor s’imposent en égéries délurées et provocantes, donnant au divertissement une dimension nouvelle. Chanteuses et danseuses d'exception, meneuses de revue, elles vont, pendant les Années folles et après la Dépression, mener d’éblouissantes et tapageuses carrières sur les scènes du Moulin-Rouge, du Casino de Paris ou des Folies-Bergère. Reflétant leur temps dans leurs choix de répertoire comme de mise en scène, ces artistes affranchies ont fait évoluer l'image, sinon la condition, des femmes.

Paris capitale du monde
Auteure de plusieurs documentaires sur les femmes de spectacle (dont Damia, la chanteuse était en noir, en 2017), Carole Wrona brosse le portrait de ces femmes à poigne qui auront changé les codes, tout en suscitant un réel élan populaire. Célèbres aussi à l'étranger, elles participeront au rayonnement international de Paris. Riche de nombreuses archives à la fraîcheur intacte, et émaillée des "tubes" du moment (dont "J'ai deux amours" de Joséphine Baker), La nuit est à elles restitue le parfum d'une époque dans le pas de ses exubérantes vedettes, dont certaines sont tombées dans l'oubli.

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À la fin des années 1910, pour oublier la Grande Guerre, les Parisiens assouvissent leur soif de divertissement dans les salles de spectacle et de concert.

 

Dans un cabaret où elle se produit, glissée dans une jolie robe rouge et or, Damia croise un soir Sacha Guitry qui lui recommande d'oublier son costume de "dompteuse de puces". Se rappelant de son conseil, la jeune chanteuse va faire souffler un vent nouveau sur la chanson française. Éclairée sur scène par un projecteur, debout face à un public plongé dans l'obscurité, c'est vêtue d'une petite robe noire qu'elle va connaître trois décennies durant un immense succès.

 

Une pionnière

 

Née Marie-Louise Damien en 1889 – la même année que la tour Eiffel comme elle se plaisait à le rappeler –, Damia a été l'une des premières grandes vedettes de la chanson réaliste en France. Réclamée pour des tours de chant dans le monde entier, elle a ouvert la voie à de nombreuses interprètes, de Lucienne Boyer à Catherine Sauvage, d'Édith Piaf à Barbara. Pour raconter son étonnante carrière, que la chanteuse a décidé d'interrompre en 1956, la réalisatrice Carole Wrona puise dans une multitude d'archives – photographiques, sonores et cinématographiques – et brosse par la même occasion un captivant tableau de l'entre-deux-guerres.

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Centré sur cinq d’entre elles, ce documentaire rend hommage aux femmes fortunées qui, sous l’Ancien Régime, ont promu savants et artistes et ouvert la voie à l’émancipation féminine à travers leur indépendance intellectuelle. 

 

Le 22 janvier 1981, Marguerite Yourcenar fait son entrée à l’Académie française "accompagnée d’une troupe invisible de femmes qui auraient dû recevoir beaucoup plus tôt cet honneur". La première "immortelle" de l’histoire rend ainsi hommage aux oubliées qui, sous l’Ancien Régime, notamment, ont favorisé la carrière d’une foule d’écrivains, de philosophes et de savants. La première d’entre elles, Catherine de Rambouillet, fuit la cour d’Henri IV pour réunir dans son hôtel particulier une société raffinée, entre conversations diurnes de ruelle – l’espace entre le mur et le lit, sur lequel trône la maîtresse de maison – et soirées dédiées aux arts. Une habituée des lieux, Madeleine de Scudéry, reçoit à son tour le samedi et devient l’ambassadrice de la préciosité, en signant de nombreux romans sous le nom de son frère académicien, Georges. Disparues à l’apogée de l’absolutisme, les ruelles renaissent après la mort du Roi-Soleil. Mme de Lambert tient alors le premier salon de l’histoire, antichambre des Lumières, et inaugure un âge d’or des sociétés savantes. Plus tard, à l’aube de la Révolution, la bourgeoise Marie-Thérèse Geoffrin et la noble Marie du Deffand, ennemies jurées, joueront de leur intelligence et de leurs deniers pour attirer les esprits les plus brillants, à l’instar de d’Alembert, qui a codirigé la rédaction de l’Encyclopédie, ou du mathématicien Nicolas de Condorcet, apôtre de l’égalité des sexes, qui ouvrira un salon avec son épouse Sophie.

"Armée des ombres"
Des origines de l’émancipation féminine à sa pleine expression au siècle des Lumières – stoppée, paradoxalement, durant la Révolution, puis avec le Code Napoléon –, ce documentaire illustré de peintures, gravures et d’extraits de films muets retrace l’histoire de cette "armée des ombres" en se focalisant sur cinq femmes d’exception qui ont remporté une première victoire fondamentale : celle de l’indépendance intellectuelle. 

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