3 résultat(s)
Des transfuges de l'État islamique et ceux qui les ont aidés à s'échapper témoignent. Un document exceptionnel sur ce que fut la vie quotidienne au sein de Daech, et les conditions de ce périlleux travail d'exfiltration.
Dans une ville du sud-est de la Turquie, située à seulement 60 kilomètres de la Syrie en guerre, en 2015, un réseau clandestin prend les plus grands risques pour exfiltrer des combattants qui souhaitent quitter l'organisation État islamique. Sous couvert d'anonymat, ces déserteurs, des hommes originaires de Syrie ou de Jordanie, ont accepté pour la première fois de raconter leur vie sous le joug de Daech, ainsi que les raisons qui les ont poussés à le rejoindre puis à le fuir. Ces témoignages sont exceptionnels, car, en général, les déserteurs de Daech se cachent et ne parlent pas – s'ils ne sont pas rattrapés par l'EI puis exécutés. Les hommes décrivent la session de préparation, que l'un d'eux compare à un lavage de cerveau, l'entraînement militaire ultramartial de quinze jours, les avantages (solde mensuelle, maison confortable), mais aussi les atrocités commises au quotidien, l'arbitraire des "émirs", les charniers, les blessés qu'on achève, les femmes réduites au statut d'esclave sexuelle, tuées pour un oui, pour un non… Des témoignages illustrés par des vidéos, souvent d'une grande violence, trouvées sur les téléphones portables de combattants de l'État islamique ou de déserteurs.
Déjouer les pièges de Daech
Le réseau d’exfiltration, constitué de combattants historiques de l’Armée syrienne libre (opposée à Bachar el-Assad), a accepté de dévoiler quelques-unes de ses méthodes de travail. "Daech a essayé de nous piéger avec de faux déserteurs", explique l'un des membres de cette cellule spécialisée. Pour éviter toute tentative de manipulation, l'exfiltration ne se produit qu'après une longue enquête. En aidant les déserteurs à fuir et en recueillant leurs témoignages, les membres du réseau veulent dénoncer les mensonges de l’EI et son culte de la violence. Ils pensent ainsi décourager les futurs candidats au djihad. Les informations collectées leur permettent aussi d'en savoir plus sur les positions occupées par Daech. Ces hommes déplorent en revanche de ne pas coopérer davantage avec les autorités occidentales, qui, d'après eux, ne veulent plus rien savoir de leurs ressortissants une fois que ceux-ci ont rejoint l'État islamique.
La traversée documentaire d'un Yémen dévasté par la guerre civile, prisonnier du grand jeu des puissances régionales et oublié par la communauté internationale.
Plus de 10 000 morts, plus de 2 millions de déplacés, une famine qui gagne du terrain, des épidémies de choléra et de diphtérie qui se répandent… : après trois années de guerre au Yémen, les Nations unies estiment que ce pays situé à la pointe de la péninsule arabique connaît aujourd’hui la plus grave crise humanitaire survenue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
François-Xavier Trégan accomplit un voyage inédit et terrifiant dans un pays exsangue, dévasté par les bombardements et les combats, en proie à une crise sanitaire et alimentaire dramatique. En fil rouge de cette traversée, le film suit Peter Maurer, le président du Comité international de la Croix-Rouge, une des rares personnalités à avoir pu sillonner le pays afin d'alerter la communauté internationale. D'Aden, dans le sud, à Sanaa, dans le nord, en passant par Taez, la ligne de front, ce road-movie émaillé de rencontres traverse un territoire rongé par les divisions politiques et religieuses, et dévasté par le conflit. Des témoignages cruciaux pour mieux comprendre ce pays au destin tragique, jouet fragile d'un affrontement dont la population civile paie de plus en plus lourdement le tribut.
Au moment où le Liban traverse une crise existentielle des plus aigües, retour sur l'histoire du Hezbollah, parti controversé soutenu par l’Iran. Un récit de l’intérieur qui bénéficie de témoignages inédits des combattants chiites eux-mêmes.
En juin 1982, sous l’impulsion de son ministre de la Défense Ariel Sharon, Israël envahit le sud du Liban dans le but de liquider Yasser Arafat, réfugié à Beyrouth, et l'OLP. Pour lutter contre l’offensive de Tsahal, un petit groupe de guérilla se constitue dans la clandestinité en fusionnant différentes formations chiites. Formé et soutenu par la République islamique d’Iran de l'ayatollah Khomeiny, il se déclare officiellement en 1985 sous le nom de Hezbollah : le "parti de Dieu". Quarante ans plus tard, le petit groupe est devenu l’une des principales forces, armée et politique, du Moyen-Orient. Mouvement de résistance légitime et populaire pour les uns, groupe terroriste pour les autres, le Hezbollah, autant admiré que redouté, traverse pourtant une épreuve déterminante. Alors que le Liban est plongé dans une crise politique et économique majeure, une partie de sa population accuse ses dirigeants de corruption et de faillite. Le Hezbollah n’échappe pas aux critiques. Ouvertement remis en cause, le parti se retrouve à l’heure des choix : demeurer le pion stratégique de l’Iran dans la région ou s’affranchir de cette tutelle pour se mettre entièrement au service des intérêts du Liban et de sa population.
Culte du secret
Cultivant le culte du secret sur son organisation, le "parti de Dieu" s'est toujours montré rétif à tout regard extérieur, a fortiori journalistique. François-Xavier Trégan (Yémen, le chaos et le silence, Ashbal – Les lionceaux du califat) parvient pourtant à recueillir la parole de ses combattants et partisans d’hier et d’aujourd'hui. Les membres du parti n’esquivent aucune question, quitte à remettre en cause les choix du passé, conférant ainsi un caractère exceptionnel à leur témoignage. À Beyrouth, dans la vallée de la Bekaa et dans le sud du Liban, les voix du Hezbollah évoquent ses décennies d’évolution et son avenir incertain, suspendu en permanence entre effondrement et reconstruction.