Une introduction en forme de dérive des continents (Infinity), une production atypique, neuve pour le Breton, mouvante et attirante, un son comme rouillé par la pluie, érodé par les âges. Des violons qui tremblent sous l’averse quand ils ne provoquent pas les habituels coups de tabac émotifs. Des guitares dont le magma n’est souvent encore qu’une lointaine rumeur, des synthétiseurs et une électronique en filigrane glacé (Steinn, la mélancolie tordue de l’impressionnante In Our Minds). Des chansons-jouet aux couleurs incertaines (la pop indécise de Midsummer Evening) ou aux lumières irréelles (la très bien nommée Lights et son réjouissant bigbang). Du Breton (Ar Maen Bihan et l’inquiétante croissance de sa violence sourde), du Féroïen, de l’Islandais. Et l’Écossais magnifique d’Aidan John Moffat (ex-Arab Strap) sur la conclusion, à chialer, Meteorite : suite du Skyline paru en 2011, enregistré entre le nord extrême (l’Islande) et l’ouest tempétueux (Ouessant), (Infinity) est un album beau, spectral, variable, paradoxal par les immensités que planque sa fausse modestie.