4 résultat(s)
Avec "Nona et ses filles", sa première série, Valérie Donzelli signe une fable tendre et décalée sur la maternité doublée d’un touchant portrait de famille. Une pépite teintée de surréalisme portée par un casting de choix.
Dans sa série, créée et écrite avec Clémence Madeleine-Perdrillat (Mixte, OVNI(s), En thérapie saison 2), Valérie Donzelli brosse le portrait d’une femme de 70 ans ébranlée par sa grossesse, mais aussi celui d’une fougueuse famille. Autour de Nona (Miou-Miou), ses triplées (Virginie Ledoyen, Clotilde Hesme et Valérie Donzelli) font bloc tout en affrontant leurs désirs et frustrations. Fable sur la maternité magique et désarmante, le féminisme et la filiation, ce récit choral réjouit aussi par ses rôles masculins entre le médecin cocasse
(Rüdiger Vogler), le sage-femme dévoué (Barnaby Metschurat), l’amant gauche (Michel Vuillermoz), le chercheur instable (Antoine Reinartz) et l’époux dérouté (Christopher Thompson). Un condensé de poésie qui brave les tabous.
Retrouvez un entretien de la réalisatrice et scénariste Valérie Donzelli en cliquant ici.
Vingt ans plus tôt, à l’endroit même où s’ébattent des estivants en short, un garçon déprimé tout juste sorti de sa fac de cinéma tournait dans le blizzard un premier film d’une étonnante maturité, d’une déchirante tristesse. S’il éclaire de façon comme toujours passionnante l’œuvre et son auteur, ce nouveau volet de la collection "Un film et son époque", en explorant les rues ensoleillées de Little Odessa, apporte aussi, de l’hiver à l’été, un contrepoint joyeux à la tragédie glacée qui a immortalisé pour toujours ce quartier de Brooklyn. Comme s’ils exorcisaient après coup la tension d’un tournage au budget resserré, effectué lors "du pire hiver qu’ait connu New York depuis longtemps" et mettant en scène tant de violence et de douleur, tous les protagonistes, James Gray en tête, semblent partager une forme d’allégresse rétrospective.
Saynètes avec accents
Celui-ci, tout en évoquant en détail ses influences, ses intentions ou la manière dont son histoire personnelle a inspiré le scénario, émaille le récit de désopilantes saynètes avec accents (germanique pour Maximilian Schell, italien quand il croque ses mésaventures de pied-tendre à la Mostra de Venise). À son mélange d’autodérision et d’assurance répond la fierté des autres protagonistes, Tim Roth et Vanessa Redgave en tête, d’avoir participé à une aventure alors plus qu’hasardeuse, mais tout de suite entrée par la grande porte dans l’histoire du cinéma. Pour peindre l’atmosphère si particulière du quartier, l’acteur évoque ainsi drôlement la "petite vieille dame" féroce qui vint cracher sur ce qu’elle croyait être un cadavre, lors du tournage dans la rue d’une scène d’assassinat. Maximilian Schell, qui ne cessa de grommeler dans l’oreille du cinéaste lors de la première officielle à quel point il détestait le film, et qui vient de s’éteindre le 1er février, ne témoigne pas ici, pas plus qu’Edward Furlong, dont ce fut peut-être le plus beau rôle. Mais Paul Webster, le producteur, ou le chef-opérateur Tom Richmond, apportent sur le même mode guilleret de précieuses indications sur la genèse du film ou le déroulement du tournage. Pétillant d’humour et d’intelligence, ce récit polyphonique, à l’image du cinéaste, son principal narrateur, livre la source de l’émotion si forte transmise par le film, mais la tient constamment à distance.
Plongée dans les coulisses de The Queen, film multirécompensé qui brise un tabou britannique en présentant le portrait de la reine de son vivant, dans son intimité.
De l’aveu même de son réalisateur Stephen Frears, la dernière scène de The Queen a été pensée pour les Oscars, ce que confirment le scénariste Peter Morgan et le producteur Andy Harris. Pari gagnant, puisque Helen Mirren, qui interprète magnifiquement la reine Élisabeth II, a été récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice. "Où est la ‘scène de l’oscar pour Michael’ ?" interroge en riant un peu jaune Michael Sheen, qui joue un Tony Blair nouvellement élu. Comme pour chaque épisode de la collection, les interprètes du film et les artisans de ce succès, comme la monteuse et un historien biographe de la reine, sont interrogés pour raconter le grand travail personnel et collectif qui se cache derrière la performance réalisée dans The Queen. Le choix inédit de montrer Elisabeth II "comme une femme, et non comme une icône", selon les mots de Stephen Frears, a nécessité une réflexion rigoureuse associée à un travail d’archiviste remarquable.
Making of croustillant
La semaine filmée par Stephen Frears fut cruciale pour la monarchie britannique. Après la mort de Lady Diana – "la princesse du peuple" selon Tony Blair – les sujets britanniques reprochent à l'establishment et à la reine d'ignorer le deuil et la douleur de tout un pays. Exilée dans le château de Balmoral, en Écosse, la reine ne sembla revenir à la raison que grâce à l'intervention de Tony Blair, inquiet de la tournure que pouvaient prendre les événements. Cette semaine, qui structure le film, est reprise de la même manière dans le documentaire, enrichi également d’archives, photo et vidéo, auxquelles s’ajoutent des images du tournage. Les anecdotes croustillantes sur l’évolution du film sont distillées de sorte que le spectateur a l’impression plaisante de faire partie de l’équipe de tournage. Dans ce making of savoureux, le conseiller en communication de Tony Blair, Alastair Campbell, s'exprime en chair et en os : il est d’ailleurs certain que la reine a vu The Queen… Mais ne saurait dire si elle l’a apprécié.