A l'île de Chypre, la culture grecque a donné un de ses noms les plus beaux, Alasia. Les étymologistes lisent dans ce nom un lien avec la mer - celui d'une île dans, de et par la mer, d'une terre que le poète dit " embrassée par la mer ". Dans cet album, Vakia Stavrou situe son " Alasia " au coeur du monde, au centre d'une Méditerranée des coeurs et des intelligences. Ce n'est pas tout dire que de parler de sa voix pure, de son inspiration radieuse, des sortilèges d'une sensibilité s'exprimant en plusieurs langues. Dans Alasia, tout est affaire de peu. Peu de notes, peu de gestes, peu d'instruments. Et tout survient de cette sage économie : la mélancolie et le soleil, la contemplation et la tempête du sentiment, le coeur à nu et le vertige de l'âme. La parole amoureuse de Vakia Stavrou a troublé le romancier José Luis Peixoto. L'écrivain portugais lui donne O meu peito diz et Dia sem mim, seules chansons de l'album Alasia qu'elle n'ait pas écrites. Mais elles appartiennent à la même famille que les siennes, des chansons aux couleurs franches, aux lignes pures, à la lumière ou à la nuit également irradiante, aux sentiments vifs. Comme si chanter était un acte tectonique, primal, hors d'atteinte du temps. Comme s'il s'agissait d'une oeuvre humble et géante à la fois, comme s'il s'agissait de faire entendre le baiser de la mer.