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Comment continuer à diffuser une information libre dans un pays autoritaire ? Une immersion exceptionnelle dans les studios de Dojd, principal média d'opposition en Russie.
"La Russie sera libre, restez sur Dojd", peut-on lire sur un prompteur installé dans les coulisses du studio ultramoderne de la chaîne de télévision russe. Créée en 2010 par la journaliste Natalia Sindeeva, Dojd ("la pluie" en russe) aborde tous les sujets sans tabous, n'hésitant pas à se montrer critique à l'égard du Kremlin, notamment quand il s'agit d'évoquer la guerre en Ukraine. Les dix millions de téléspectateurs qu’elle réunit à ses débuts montrent son écho dans un pays où les médias sont fortement contrôlés. Mais la chaîne se heurte vite au pouvoir : interdite d'antenne, elle est aujourd'hui contrainte d'émettre uniquement sur Internet pour ses abonnés, et doit trouver un nouveau modèle économique. Entourée de jeunes journalistes comme Tikhon Dziadko, présentateur vedette, et Timour Oleevski, reporter, la directrice de Dojd déploie toute son énergie pour continuer à diffuser une information libre, indépendante et transparente.
Sous pression
Alexandra Sollogoub a posé sa caméra pendant plusieurs mois dans les studios de cette chaîne qui tente de survivre, malgré les risques, face à la propagande d'État. À travers trois de ses figures emblématiques, ce documentaire passionnant plonge dans la vie de Dojd, rythmée par des débats enflammés aussi bien en direct qu'en conférence de rédaction. Ce sont aussi les visages d'une génération de jeunes journalistes qui n'a pas connu le communisme que l'on découvre. Chacun s'interroge sur la possibilité d'exercer librement son métier en Russie, tout en rêvant d'ailleurs, à l'image de Tikhon, qui a choisi de partir couvrir les élections américaines pour Inter, une chaîne de télévision ukrainienne. Par petites touches, le film dessine avec finesse le portrait d'une Russie qui cherche son chemin entre régime autoritaire et économie de marché.