Le contre-ténor Damien Guillon, interprète admirable et admiré de la musique baroque la plus spirituelle, fait son début chez Glossa en chantant et dirigeant un fascinant diptyque de psaumes de Bach et de Vivaldi : Tilge, Höchster, meine Sünden, BWV 1083 et Nisi Dominus, RV 608. Dans ce disque, Guillon dirige son ensemble, Le Banquet Céleste, avec lequel il présenta récemment une version scénique mémorable de Acis e Galatea. Alors Konzertmeister à Weimar, J. S. Bach fut chargé de transcrire des partitions de Vivaldi que le duc de Saxe-Weimar avait acquis à Amsterdam. Le style vénitien, en particulier celui des concertos, exercèrent sur le jeune Bach une fascination profonde. Comme le signale Stefano Russomanno dans l'essai accompagnant ce disque, Vivaldi appliqua aussi les paramètres compositionnels de ses concertos aux oeuvres vocales sacrées dès le précoce Nisi Dominus (Psaume 126) enregistré ici. Mais Bach choisit la musique d'un autre compositeur, napolitain et de la génération suivante, Pergolesi, pour écrire Tilge, Höchster, meine Sünden sur le texte du Psaume 51. Il s'agit d'une réélaboration magistrale - en forme de parodie ou pasticcio - du Stabat Mater théâtral (et catholique) de Pergolesi : Bach adapta l'oeuvre en la modelant sur le génie propre au texte allemand, et protestant. La voix chaleureuse du contre-ténor Guillon trouve son complément idéal dans celle de la fantastique soprano spécialisée dans le répertoire baroque, Céline Scheen, dont l'agilité vocale et la pureté du timbre émerveillent le public européen actuel.