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Véritable phénomène de presse des années 1970-1980, l'hebdomadaire Pif gadget a incarné la tradition qui liait la BD au combat politique. Retour sur la saga d’un titre culte qui a inculqué des valeurs fondatrices à ses lecteurs.
Dès le début du XXe siècle, avant même le Front populaire, la France connut une tradition de "BD de gauche". Pif gadget en fut l'apogée. Lancé en 1969 par les Éditions Vaillant sous l'égide du Parti communiste français, le magazine jeunesse fut le phénomène d'édition le plus incroyable des années 1970-1980, flirtant parfois avec le million d'exemplaires. Quatre fois plus que Mickey, son rival le plus sérieux ! Militant et transmetteur de valeurs – humanistes et internationalistes –, novateur avec ses gadgets (pois sauteurs du Mexique et autres "pifises"), cet hebdomadaire initiatique brillait aussi par ses séries cultes (Pif, Gai-Luron, Rahan, fils des âges farouches et Docteur Justice) et les talents qui y publiaient : Goscinny, Gotlib, Mandryka, Uderzo et même Hugo Pratt… Mais le succès provoque une lutte interne entre artistes et marketing, d'autant que Pif et ses licences internationales rapportent beaucoup d’argent au PCF. En retraçant son extraordinaire épopée sur le mode "Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes", et à travers les témoignages émus d’anciens lecteurs qui ont grandi avec lui et d’acteurs du journal, ce documentaire jubilatoire illustre sa modernité. Au faîte de sa gloire, le magazine racontait son époque : l’engouement pour le plastique du début des années 1970 avec le gadget, l’émergence de l’érotisme dans ses pages, la sensibilisation progressive des lecteurs à l’écologie... Avant le déclin dans les années 1980, jusqu’à la chute, concomitante à celle de l’URSS.
Qui était réellement la "Dame de fer" ? Des émeutes de Brixton et Liverpool à la promotion d’un "capitalisme populaire", en passant par la grande grève des mineurs, un portrait des années Thatcher, qui marquent l’irruption du néolibéralisme en Europe.
Issue d’une famille de petits commerçants, Margaret Thatcher a grandi portée par la croyance en la responsabilité individuelle. Séduite par les idées néolibérales des économistes Friedrich Hayek et Milton Friedman, elle s’est évertuée à en appliquer les recettes afin d’amener le vieux monde de l’après-guerre vers un "capitalisme populaire" censément moderne et salvateur. Elle s’engage dans les années 1950 au sein du Parti conservateur et devient députée en 1959, puis ministre de l’Éducation en 1970. C’est dans le contexte tendu des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, où explosent chômage et inflation, que Margaret Thatcher est élue Première ministre en 1979, convaincue du bien-fondé des solutions proposées par les néolibéraux pour sortir de la crise économique majeure dans laquelle le Royaume-Uni plonge de manière dramatique. Ses trois mandats sont rythmés par d’innombrables moments de tension : émeutes urbaines de 1980-1981, grande grève des mineurs de 1984, attentats de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), guerre des Malouines… Pour y répondre, son équipe de communication lui façonne une image de dame de fer inoxydable. Sa politique aura des conséquences d’une sidérante brutalité, comme en témoignent la répression des grévistes et la mise à mort des syndicats, le sort du nationaliste irlandais Bobby Sands, tout juste élu au Parlement et qu’elle laissera mourir en prison d’une grève de la faim, comme neuf autres de ses compagnons, sans oublier l'accroissement d'extraordinaires inégalités sociales dont le Royaume-Uni n’est toujours pas sorti aujourd’hui.
Y avait-il une alternative ?
"Ding dong! The witch is dead" ("La sorcière est morte") ! C’est avec cette chanson tirée du film Le magicien d’Oz que des milliers de Britanniques ont célébré dans la rue la nouvelle de la disparition de Margaret Thatcher, le 8 avril 2013. À travers les interventions d’économistes, de personnalités politiques et publiques de sensibilités diverses, Guillaume Podrovnik brosse un portrait fouillé de cette figure politique majeure de l’histoire européenne et mondiale moderne, narré par l'humoriste Guillaume Meurice qui laisse ici place à ses talents de conteur. En images d’archives, le film revient sur les interventions les plus emblématiques de la femme d'État, se questionne sur l'absence d'alternative à sa politique, ainsi que les charges contre l’Union européenne qui ont contribué à sa perte… : et, selon les intervenants et historiens interrogés dans ce documentaire, au Brexit. Alors que les préceptes politiques de Margaret Thatcher, brutaux à l’égard des classes populaires, ont infusé dans l’ensemble de la classe dominante européenne, le documentaire explore son héritage douloureux : l’avènement de la dérégulation financière et le triomphe du néolibéralisme.