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Une plongée intime dans la vie et l’œuvre d’un compositeur qui a bravé le destin pour révolutionner la musique.
Né en 1770 à Bonn, Ludwig van Beethoven est initié à la musique dès ses 5 ans par son père chanteur. "Le nouveau Mozart", comme le présente son maître Christian Gottlob Neefe, est repéré par Haydn en 1790 grâce à sa cantate funèbre en l’honneur de l’empereur Joseph II. Deux ans plus tard, le jeune humaniste quitte la cour éclairée de Bonn, proche des idées révolutionnaires, pour se former à Vienne auprès de celui qu’il surnommera "Papa Haydn". Pianiste virtuose, Beethoven est contraint de se concentrer sur sa carrière de compositeur : en 1801, alors qu’il vient d’achever sa première symphonie et ses six premiers quatuors à cordes, le génie allemand est rattrapé par le "démon envieux" de la surdité. L’art et l’amour – pour Giulietta Guicciardi, à laquelle il dédie sa fameuse Sonate pour piano n° 14 "Clair de lune" – le sauvent du désespoir. Déterminé à "prendre le destin à la gorge", Beethoven, jusqu’à sa mort en 1827, n’aura de cesse d’innover : de la Neuvième symphonie à ses derniers quatuors à cordes en passant par sa Sonate "Hammerklavier", ses œuvres, habitées de sentiments extrêmes, révolutionnent à jamais la musique.
Force créatrice
Fondé sur la correspondance de Beethoven, ses carnets intimes et ses "cahiers de conversation" (qui lui permettaient de communiquer malgré son handicap), ce passionnant portrait, parsemé de poétiques illustrations et éclairé par des spécialistes tels que Daniel Barenboim, le quatuor Ébène ou l’historienne Élisabeth Brisson, livre un éclairage émouvant sur la trajectoire de ce génie tragique.
À la faveur des 400 ans de son baptême, une plongée jubilatoire au cœur de l’œuvre de Molière, artiste favori du Roi-Soleil et témoin lucide de son époque comme des petitesses et grandeurs humaines.
Star depuis presque quatre cents ans, Molière a révolutionné le théâtre en portant sur le plateau, avec lucidité et une éblouissante modernité, des questions de son temps : l'éducation des femmes, la violence sociale, les dérives de la religion ou encore la toute-puissance de la médecine… Peintre de ses contemporains, ce fabuleux inventeur de formes a bouleversé le jeu du comédien par une approche moins déclamatoire et plus naturelle. Chef de troupe, auteur prolifique, acteur au jeu grimacier ? "Charlie Chaplin de son époque", Molière fut aimé et admiré, mais aussi moqué, attaqué et victime de cabales.
Capable de répondre en quelques jours à une commande, il sut aussi créer de réjouissants divertissements royaux et sa relation à Louis XIV, dont il resta l'un des artistes favoris, permet de mieux appréhender son théâtre et son statut privilégié. Son triomphe a correspondu à l’apogée du Roi-Soleil, entre amours et plaisirs d'un jeune souverain fou de danse et de théâtre, conscient du rôle politique des arts. Comme les opéras de Lully, les peintures de Le Brun, les bâtiments de Le Vau ou les jardins de Le Nôtre, les pièces de Molière ont constitué autant d'instruments du pouvoir du roi et d’outils à sa gloire. Mais si, par son talent, le poète satirique contribua à l'éclat du règne du monarque narcissique, Louis XIV offrit en retour à Molière les conditions idéales à l’épanouissement de son art, et les moyens de faire évoluer son théâtre vers un "spectacle total". Car au-delà de leur intérêt réciproque, une réelle proximité de pensée liait le souverain et le comédien, tous deux nourris par la culture des salons.
Une éclairante anatomie du chef-d’œuvre de Choderlos de Laclos, manuel libertin en même temps que satire sociale, à la veille de la Révolution.
"Le vice monstrueux s’y fait voir dans toute sa difformité." À sa publication en 1782, Les liaisons dangereuses scandalise et déchaîne les passions. On le lit sous le manteau et dans les alcôves pour mieux s’offusquer de son parfum de soufre et de ses allusions sexuelles. Composé de 175 lettres d’un duo machiavélique d’aristocrates − partenaires puis ennemis −, le roman, brillant traité de libertinage, entremêle dans une langue raffinée amour, vengeance et manigances. Jugé immoral, le livre est surtout voué aux gémonies comme corrupteur d’âmes, celle des jeunes filles en particulier. Plus encore que le vicomte de Valmont, séducteur débauché, la diabolique marquise de Merteuil sidère et dérange. Manipulatrice à l’intelligence redoutable, cette veuve et amante blessée, qui aspire au pouvoir des hommes, se bat pour le conquérir dans une guerre des sexes sans merci, menant le jeu au fil d’intrigues sophistiquées. À travers cette héroïne du XVIIIe siècle, jusque-là sans équivalent en littérature, Choderlos de Laclos dénonce la domination masculine − qu’illustre aussi cruellement le viol par Valmont de la jeune Cécile de Volanges, pour laquelle Mme de Merteuil exprime, à son tour, un désir à peine voilé. Car en homme des Lumières et lecteur de Rousseau, l’auteur dresse, dans ce roman épistolaire virtuose, le portrait d’une société hiérarchisée délétère que seule une révolution serait en mesure de réformer.
Féroce noirceur
"Je résolus de faire un ouvrage qui sortît de la route de l’ordinaire, qui fît du bruit et qui retentiî encore sur la terre, quand j’y aurais passé…", confiait Laclos, à l’origine officier de carrière. Anatomie d’"un livre qui brûle comme de la glace…", selon Baudelaire, ce documentaire éclaire les tiroirs gigognes d’un chef-d’œuvre censuré puis encensé, dont les adaptations au cinéma, de Roger Vadim au Coréen Lee Jae-yong en passant par Milos Forman ou Stephen Frears, ont contribué à forger l’immense popularité. À la fois manuel libertin et satire sociale, Les liaisons dangereuses a traversé les siècles sans perdre de son charme subversif, ni la pertinence de son invitation à la réflexion. Avec la romancière Cécile Guilbert et les professeurs de littérature Catriona Seth et Michel Delon, une plongée savante dans un roman d’une noirceur féroce, miroir de la dimension conflictuelle de l’amour et des perversités d’une humanité gangrenée par les inégalités.
Mettant en scène Cécile, une adolescente libre et manipulatrice, Bonjour tristesse, premier roman de François Sagan, a bousculé les valeurs morales de l’époque et donné une voix à la jeunesse. Retour sur un mythe flamboyant.
À l’été 1953, Françoise Sagan, âgée de 17 ans, s’attelle à l’écriture de Bonjour tristesse, dont le titre est emprunté à un poème de Paul Éluard. L’étudiante, qui se nomme Quoirez, n’a pas encore adopté son pseudonyme proustien, inspiré de la princesse de Sagan d’À la recherche du temps perdu. Elle ne se doute pas que Julliard va publier son manuscrit quelques mois plus tard, en mars 1954. L’intrigue met en scène Raymond, veuf séduisant, sa maîtresse Elsa et sa fille de 17 ans, Cécile, en vacances sur la Côte d’Azur. L'adolescente va rencontrer un beau jeune homme, Cyril, dans les bras duquel elle perd sa virginité. L’intrigue se complexifie avec l’arrivée d’Anne, une amie de la famille, qui entend reprendre en main son éducation. Cécile va alors fomenter un complot aux conséquences tragiques. Sur cette trame, le "charmant petit monstre", comme la surnomme alors François Mauriac, fait voler en éclats toutes les conventions sociales dans la France empesée de René Coty et obtient le prix des Critiques. Le livre s'arrache, et le premier tirage est épuisé en quelques semaines. Vendu à plus d’un million d’exemplaires et, entre autres gloires, censuré par le Vatican, Bonjour tristesse devient le premier best-seller de l’après-guerre.
Fureur de vivre
Pour retracer l’histoire du mythe, le film tresse habilement images d’archives, interviews de Sagan, dont l’humour et la vivacité d’esprit tranchent avec le ton paternaliste de l’époque, passages du roman lus par Catherine Deneuve et extraits de l’adaptation qu’en fit Otto Preminger en 1958 avec Jean Seberg et David Niven. Il dévoile ainsi la genèse et la création du mythe Sagan, jeune femme insouciante, vivant en bande, dépensant son argent sans compter, conduisant des bolides à l’instar de James Dean auquel on la compare. Avec elle, la jeunesse commence à faire entendre sa voix, et la société confite d’après-guerre va devoir la regarder dans les yeux. Car Bonjour tristesse annonce la libération sexuelle, la remise en cause du modèle familial et l’émancipation féminine : des revendications qui exploseront avec Mai 1968.