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Depuis leur entrée au gouvernement Netanyahou, les deux ministres d'extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir n’ont cessé de jeter de l'huile sur le feu dans le contexte explosif du Moyen-Orient. Nous immergeant dans l'histoire récente d'Israël, cette enquête donne la mesure de leur influence.
Convergence idéologique ou opportunisme ? En 2022, Benyamin Netanyahou s'est allié avec deux hommes issus des franges radicales de l'extrême droite israélienne. Poursuivi pour corruption et abus de confiance, il est redevenu Premier ministre, parvenant ainsi à échapper à la justice. Bezalel Smotrich, à la tête du parti sioniste religieux, a hérité du portefeuille des finances et de l'administration civile des colonies tandis qu’Itamar Ben-Gvir, patron de la formation suprémaciste Force juive, s'est vu confier la sécurité intérieure. Réforme liberticide, distribution d'armes, provocations, complaisance vis-à-vis de la violence envers les Palestiniens... : ils ont pour stratégie de semer le chaos, avec en ligne de mire l'annexion des territoires occupés et l'instauration d'une théocratie autoritaire en Israël – des idées qui avaient infusé avant leur arrivée au pouvoir. En 2018, le gouvernement, déjà sous l'égide de Netanyahou, autorisait officiellement le Qatar à financer le Hamas, à la tête de Gaza depuis 2007. Cette stratégie, qui vise à affaiblir l'Autorité palestinienne, Smotrich la prônait déjà en 2015.
Dédiabolisation
Au vu de leurs itinéraires sulfureux, retracés dans ce film, il est sidérant que ces deux hommes soient parvenus au sommet de l'État. Obsédé par l'idée d'expulser les Arabes d'Israël, Itamar Ben-Gvir est un émule du rabbin Meir Kahane, le fondateur de l'ex-parti raciste Kach, où il a fait ses classes en manipulant des jeunes sans repères. Parmi eux, le journaliste Gilad Sade, aujourd'hui repenti, avoue, adolescent, avoir fabriqué des prospectus haineux et vandalisé des voitures palestiniennes avec l’assentiment d'Itamar Ben-Gvir, qu'il considérait comme son grand frère. Autre modèle de Ben-Gvir (renié depuis qu'il s'est "dédiabolisé" afin d'accéder au Parlement) : Baruch Goldstein, l'auteur du massacre d'Hébron. Smotrich, lui, est soupçonné d'avoir planifié un attentat, à 24 ans, en 2005, peu avant le retrait d'Israël de la bande de Gaza, et l'évacuation musclée de 8 000 colons par l'armée. "Je sais que nous avons empêché quelque chose de très gros mais j'aurais préféré qu'on parvienne à le démontrer avec des preuves matérielles", commente Dvir Kariv. Cet ancien du Shin Bet, le renseignement intérieur israélien, fait partie des nombreux intervenants de ce documentaire fouillé : parmi eux, les anciens Premiers ministres Ehud Barak et Ehud Olmert, la physicienne Shikma Bressler, devenue l'égérie de la contestation contre la réforme judiciaire, Gil Dickmann, qui se bat pour la libération des otages, des journalistes, militants ou historiens. Le film montre comment ces ministres usent de divers leviers pour instaurer un "Grand Israël" au mépris de la démocratie et du droit international : force, intimidation, bataille des idées mais aussi procédures et lois, tous deux étant juristes. Ils ont ainsi contribué à rendre plus inflammable la poudrière du Proche-Orient, comme l'ont confirmé les événements tragiques de l’année passée : le massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas, puis la riposte sanglante de l’armée israélienne à Gaza. À travers l'ascension de ces deux extrémistes, ce documentaire, riche en images d'actualité et en vidéos amateurs, nous replonge aussi dans l'histoire récente d'Israël, et sa violence – jusque dans la Knesset. Une dérive populiste, plus spectaculaire qu'ailleurs, mais non sans parenté avec celle qui sévit partout sur la planète.