Des lettres de poilus ont déjà été portées à la scène, mais jamais Jean-Pierre Guéno, directeur des Editions de Radio France, qui a lui-même lancé des appels sur les antennes de la radio publique afin de collecter ces lettres et de les publier avec le succès que l'on sait en 1998, n'avait autorisé une adaptation scénique de celles-ci. La théâtralisation de ces lettres se veut impressionniste et non démonstrative. Relier la souffrance individuelle à l'incompétence des chefs militaires est une autre approche, un autre choc face aux mots simples, sensibles, souvent lucides de ces combattants sacrifiés à l'insouciance des officiers. Faire revivre ces poilus aujourd'hui sur une scène de théâtre, c'est tenter de donner un sens à leur mort.