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Un an après la ratification de l’accord de paix entre le gouvernement de Bogotá et les Farc, une immersion exceptionnelle dans les coulisses des longues et difficiles négociations qui l’ont engendré.
"La porte du dialogue n’est pas fermée à clé." Après avoir soutenu la politique sécuritaire d’Álvaro Uribe et mené, au poste de ministre de la Défense, une lutte acharnée contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Juan Manuel Santos prenait de court ses compatriotes avec cette main tendue, esquissée lors de son discours d’investiture à la présidence, le 7 août 2010. Six ans plus tard, le 26 septembre 2016, le dirigeant colombien et les chefs de la guérilla signaient un accord historique mettant fin à plus d’un demi-siècle d’un conflit qui a viré à la "guerre sale" et martyrisé le pays, au prix de millions de victimes assassinées, enlevées ou déplacées. Rejeté de peu par une population tiraillée entre espoir, épuisement et rancœur, cet accord de paix, remanié, a été définitivement adopté par le Congrès fin novembre 2016. Mais comment tourne-t-on une page aussi sombre ? Comment punir les criminels, et prendre en compte la souffrance des victimes, sans compromettre la paix ? Quelle place accorder dans la société et la vie politique à ceux qui ont pris les armes ?
Ni vainqueurs ni vaincus
Journaliste colombienne marquée, comme tous ses compatriotes, par la violence du conflit, Natalia Orozco a obtenu un accès exceptionnel aux coulisses des "dialogues de paix", organisés à Oslo et La Havane. Entre avancées et coups d’arrêt, elle a recueilli, quatre ans durant, les points de vue des commandants des Farc (Pastor Alape, Iván Márquez, Timoleón Jiménez, dit Timochenko…) et des émissaires du gouvernement colombien – jusqu’au président Santos, nobélisé en 2016 pour son action –, sans éluder les sujets de tension. À la fois personnelle et remarquablement équilibrée, cette chronique, pétrie de suspense et d’émotion, dessine en filigrane l’histoire douloureuse de la Colombie et brasse des questionnements universels sur la fabrication de la paix, avec ses indispensables compromis, ses repentirs et ses prises de conscience. Comme celle exprimée par le commandant des Farc Carlos Lozada au sujet de ses anciens ennemis, combattus à distance pendant des décennies : "C’est différent quand on se retrouve face à eux. Quand on a l’occasion de se rendre compte que, indépendamment du fait que nous avons été dans des camps opposés, nous sommes deux êtres humains..."