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À travers une tragédie familiale, Faute d’amour épingle l’individualisme consumériste de la Russie de Poutine. Ce documentaire dévoile la genèse de ce brûlot et la brillante approche de son auteur, Andreï Zviaguintsev.
Cinquième long métrage d’Andreï Zviaguintsev, Faute d’amour met en scène Genia et Boris, en plein divorce, qui, par négligence, perdent la trace d’Aliocha, leur fils. À travers cette tragédie, le cinéaste tire un portrait au vitriol de la Russie de Poutine, montrant une classe moyenne qui se déshumanise à force de consumérisme et de traditions étouffantes. S’il admet avoir choisi un cas extrême, avec ce couple ravagé par la haine, le cinéaste s’est aussi inspiré de faits réels. La disparition de cet adolescent lui permet de dénoncer l’inertie de l’État, qui abandonne les familles à leur triste sort, alors que, "chaque année, 120 000 personnes disparaissent en Russie, dont beaucoup d’enfants fuyant l’ambiance familiale".
Compassion
Nourri d’un entretien avec le cinéaste, d’extraits de films et de moments du tournage, ce documentaire retrace la genèse de Faute d’amour et la trajectoire d’Andreï Zviaguintsev, qui a découvert sa vocation de cinéaste avec les œuvres de Bergman, Bresson et Antonioni. Le film dévoile ses méthodes de travail : la façon dont il obtient le meilleur de ses acteurs ou un perfectionnisme qui le conduit à multiplier les prises. Cinéaste moraliste, même s’il s’en défend, Andreï Zviaguintsev n’en témoigne pas moins une grande compassion à l’égard de ses personnages. "Je souffre avec eux", dit-il. Sont également interviewés les acteurs Mariana Spivak et Alexeï Rozine, son producteur, qui témoigne des difficultés du cinéma indépendant en Russie, et des membres de Liza Alert, ONG dont le cinéaste s’est inspiré pour dépeindre les volontaires, qui, se substituant à une police démissionnaire, partent à la recherche d’Aliocha.
Nourrie d’archives et d’interviews, dont celle du réalisateur italien Marco Bellocchio, une plongée passionnante dans les coulisses du tournage de son film sur le mafieux repenti Tommaso Buscetta.
Les révélations fracassantes, livrées en 1984 par le mafieux sicilien Tommaso Buscetta au juge Falcone – assassiné en 1992 sur ordre du chef du clan des Corleone Totò Riina –, ont entraîné la tenue en 1986 d'un "maxi-procès" à Palerme, qui s’est soldé par des centaines de condamnations. Telle est la trame du Traître de Marco Bellochio.
Regard froid et réaliste
Loin de la mythologie complaisante véhiculée par le cinéma américain, le grand réalisateur italien déploie dans Le traître un regard froid et réaliste sur Cosa Nostra, institution fondamentalement corruptrice et meurtrière. Marco Bellocchio s'en explique dans ce documentaire, tout comme il raconte pourquoi il a attendu si longtemps avant de s’attaquer à la Mafia, et pourquoi la figure du "traître" l’intéresse tant aujourd’hui. Son épouse, Francesca Calvelli, monteuse de tous ses films, son producteur et les comédiens Pierfrancesco Favino (Buscetta) et Fausto Russo Alesi (Falcone) reviennent, quant à eux, sur les nombreuses péripéties du tournage. Entièrement filmé à Rome et à Palerme, jusque dans le bunker où s'est tenu le maxi-procès, et entrecoupé d’archives d’époque, le documentaire d'Olivia Mokiejewski donne également la parole à des juges, à d’anciens accusés et à des spécialistes de la Mafia qui confrontent leurs souvenirs à la vision du cinéaste. L’occasion de plonger dans le Palerme des années 1980, shooté aux dollars et à l'héroïne, et livré à de sanglants règlements de comptes.