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Deuxième fils du peintre Auguste Renoir, né en 1894, presque en même temps que le cinéma, sur la butte Montmartre, Jean Renoir reste longtemps un jeune bourgeois indécis, face à la figure écrasante d'un père qu'il aime et admire profondément. Engagé volontaire en 1914, venu au cinéma dans les années 1920 en dilettante, par amour pour Catherine, l'un des modèles du peintre, qui est actrice, il devient après l'avènement du parlant un réalisateur en vue. En particulier à partir de La grande illusion (1936), mis à l'index par Hitler, et qui connaît un succès international. Magistral directeur d’acteurs, il fait alors tourner les stars du moment (Michel Simon, Jean Gabin, Louis Jouvet, Julien Carette, Marcel Dalio…), mais s'exile à Hollywood en 1940, après le cuisant échec de son film le plus personnel, La règle du jeu (1939). Il attendra encore vingt ans, dans l'ombre et même l'oubli, la véritable reconnaissance de son art, qui viendra quand les jeunes auteurs de la Nouvelle Vague, François Truffaut en tête, saluant sa liberté et sa poésie, le choisiront pour maître. Ainsi devenu une légende du cinéma français, comme "un gros papillon piqué sur un mur", dit-il en souriant, Jean Renoir n'en reste pas moins un franc-tireur, tournant avec amour des films (Le carrosse d'or, Le déjeuner sur l'herbe, Le caporal épinglé…) que le public boude, alors qu'il redécouvre avec ferveur son œuvre d'avant-guerre. Pépites télévisuelles Pleines de vie, de faconde et d'élégance, les apparitions télévisées de Jean Renoir à cette époque font la matière de ce documentaire, d'un pèlerinage à Cagnes-sur-Mer à un savoureux moment de tournage marqué par sa légendaire courtoisie. Avec aussi des extraits de ses films (il en a tourné trente-huit au total), de magnifiques photos d'archives, les témoignages de ceux qui l'ont connu (Françoise Arnoul, Leslie Caron, son ancien secrétaire particulier Paolo Barzman), de son biographe Pascal Mérigeau et du réalisateur Cédric Klapisch, Alexandre Moix dresse un portrait plein de finesse et d'émotion du cinéaste. Il réinterroge ainsi avec empathie la vie et l’œuvre de ce géant débonnaire du cinéma qui a su capter l’instant et la féerie du moment pour tenter de révéler la nature profonde de l’homme.

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Pour beaucoup, François Truffaut incarne l’image d’un homme sage et rangé, d’un cinéaste devenu classique. Mais la façade "petite-bourgeoise" d’un artiste uniquement préoccupé par le cinéma est trompeuse, tant l’homme fut un écorché vif, aux nombreux engagements politiques. Mais, mesuré et humble, il n’en fit pas toujours la publicité auprès du grand public. Recoupant les témoignages de ses proches (dont Jean-François Stévenin et Georges Kiejman) avec des archives télévisées, Alexandre Moix compose le portrait diffracté d’un Truffaut méconnu, en colère contre son époque. "Je suis contre la société mais pas d’une façon forcenée. Je suis contre la notion de société", disait-il. Révolté, l’auteur de Fahrenheit 451 le fut dès son enfance, qu’il qualifiait de "boiteuse", marqué à vie par le désintérêt méprisant de ses parents. Très agressif, voire enragé dès qu’il parle de cinéma, sa précoce monomanie, il se retrouve en centre pour mineurs délinquants. André Bazin l’en délivre. Le célèbre critique voit en lui une plume journalistique en devenir. Celui qui désertera lors de son service militaire apprend alors à "transformer sa colère contre la société en combat intellectuel" pour le cinéma. Mais sa plume virulente puis son art de cinéaste ne le détourneront pas de certains engagements concrets. Admirant Sartre, François Truffaut prend position avec Simone de Beauvoir pour la légalisation de l’avortement, soutient les déserteurs en Algérie et alerte l’opinion sur l’enfance maltraitée. En 1968, il se mêle aux manifestants qui stoppent le Festival de Cannes, arguant qu’"un artiste doit être un sceptique, celui qui râle et doute".

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