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À 90 ans, l’inoubliable interprète de Sueurs froides, qui n’a cessé de lutter pour échapper à son destin de star aux ordres, témoigne de son inaltérable liberté.

C’est par le génie maniaque de Hitchcock, qui a fait d’elle en 1958 l’héroïne de Sueurs froides, que Kim Novak, Marilyn de son vrai prénom, est entrée dans la légende du cinéma. Mais c’est presque par hasard que, cinq ans plus tôt, la timide gamine de 20 ans, arrivée à Hollywood à la faveur d’un boulot d’été pour financer ses études aux Beaux-Arts de Chicago, est repérée par le tyrannique patron de la Columbia, Harry Cohn, qui mise sur elle pour concurrencer l’autre Marilyn. Il lui suffit de quelques films, dont Picnic et L’homme au bras d’or, pour se hisser au sommet du box-office, tout en bataillant contre les diktats d’une industrie qui ne réserve alors à ses vedettes féminines qu’un seul rôle, celui de sex-symbol. Aussi se reconnaît-elle intimement dans la Judy de Sueurs froides, femme "fabriquée" par le désir d’un homme et sacrifiée à son obsession. Ce qui ne l’empêche pas, malgré son envie de décrocher le rôle, d’exiger publiquement une augmentation de son salaire, dix fois inférieur à celui de ses partenaires masculins.

Âge d’or ?
Quelques mois après la sortie du film, Kim Novak perdra en revanche le deuxième grand combat de sa jeune carrière. Parce qu’elle refuse de rompre avec l’acteur et chanteur noir Sammy Davis Junior, Harry Cohn fera menacer ce dernier de mort par un parrain mafieux pour mettre fin à leur liaison… Celle qui reste aujourd’hui l’une des dernières survivantes de l’âge d’or de Hollywood garde à 90 ans la vivacité frondeuse de sa jeunesse. Devenue peintre comme elle en rêvait avant d’être happée par le cinéma, elle révèle l’envers d’un rêve façonné par et pour les hommes au détriment des femmes, et témoigne de son amour têtu pour la liberté dans ce beau portrait émaillé d’archives.

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