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Éclipsée par l’aura de Vassily Kandinsky, qui fut son mentor et son amant, Gabriele Münter fait partie des pionnières de l’art moderne en Allemagne. Dans un portrait richement documenté, Florence Mauro la remet dans la lumière.
Douée dès l’enfance pour le dessin, Gabriele Münter voit le jour à Berlin, en 1877. Après la mort de sa mère, d’origine américaine, l’année de ses 20 ans, elle passe deux ans à sillonner les États-Unis, où elle exerce son regard par la pratique de la photographie, avant de rentrer en Allemagne et de s’installer, en 1900, à Munich. Les académies des beaux-arts étant alors fermées aux femmes, elle s’inscrit à l’éphémère école Phalanx, où le russe Vassily Kandinsky, qui la dirige, encourage ses premiers pas d’artiste peintre. Formant bientôt avec lui un couple illégitime, ils voyagent ensemble à Tunis, aux Pays-Bas, en Italie. À Paris aussi, où elle prend des cours de peinture à la Grande Chaumière, loue un atelier dans le quartier de Montparnasse et découvre l’impressionnisme et le fauvisme. En 1906, elle est exposée pour la première fois au Salon des indépendants. Trois ans plus tard, achetant une villa à Murnau, en Bavière, se réunit autour d’elle et de Kandinsky un groupe d’artistes d’avant-garde, le Cavalier bleu. La Première Guerre mondiale fera éclater leur cénacle cosmopolite avant que, deux décennies plus tard, les nazis ne mettent au ban leurs œuvres considérées comme "dégénérées". Interdite d’exposer en 1937, Gabriele Münter, sexagénaire, fera tout pour les réunir et les préserver dans sa demeure pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale…
Maîtrise des formes
Carnets d’esquisses, dessins, gravures sur bois et linoléum, peinture au couteau et à l’huile, portraits, paysages… Maîtrisant formes et nouveaux médiums, Gabriele Münter, disparue en 1962, a laissé une œuvre foisonnante. Puisant dans ses écrits personnels et réunissant les éclairages de spécialistes, parmi lesquels Hélène Leroy, conservatrice du Musée d’Art moderne de Paris, Florence Mauro (Clémence et Ferdinand) retrace la trajectoire méconnue d’une artiste émancipée des conventions de son temps et au talent injustement éclipsé par la figure tutélaire de Kandinsky, qui fut, quinze ans durant, son mentor et son amant.
“L’intelligence ne peut être menée que par le désir. Pour qu’il y ait désir, il faut qu’il y ait plaisir et joie... L’intelligence ne grandit et ne porte de fruits que dans la joie.” (Simone Weil) Femme indépendante à l’esprit brillant, telle apparaît la philosophe Simone Weil dans cette biographie très bien documentée, qui s’appuie notamment sur de nombreuses archives familiales. Née en 1909 à Paris dans une famille de la bourgeoisie juive (son frère surdoué deviendra un grand mathématicien), choyée durant son enfance, Simone Weil est reçue à l’École normale supérieure en 1925 après avoir eu pour professeur le philosophe Alain au lycée Henri IV. Très vite elle s’engage socialement et milite en faveur de la paix. Agrégée de philosophie en 1931, elle est nommée professeur dans un collège du Puy. Là elle s’inscrit à la CGT unifiée, soutient un mouvement de chômeurs avec lesquels elle partage son salaire.
Après avoir publié quelques articles dans La révolution prolétarienne et La critique sociale, rencontré Boris Souvarine et Léon Trotsky (qui lui conseille de s’engager dans l’Armée du salut !) et rédigé ses Réflexions sur les causes de la liberté et l’oppression sociale, elle travaille début 1935 comme ouvrière spécialisée chez Alsthom. L’été suivant, en vacances au Portugal, elle a la révélation du christianisme. Sans jamais se convertir, la jeune philosophe ouvrière élabore un “matérialisme spirituel” qui lui permet d’éprouver concrètement ses idées. En 1936, elle rejoint la colonne Durruti en Espagne pour combattre les franquistes. Pacifiste à la déclaration de la guerre en 1939, elle doit fuir avec sa famille à Marseille et entre en résistance en écrivant dans Les cahiers du témoignage chrétien. Après quelques mois passés aux États-Unis, elle revient en Angleterre en 1942 où elle est affectée au service de la France libre. Atteinte de tuberculose, refusant de se nourrir et de se soigner, elle meurt en août 1943 au sanatorium d’Ashford. Tout au long de sa courte vie, Simone Weil a écrit des textes qui relatent son expérience et sa réflexion : L’enracinement, La pesanteur et la grâce, Oppression et liberté, La condition ouvrière ou encore L’attente de Dieu, autant de titres qui traduisent sa profonde compassion à l’égard de l’homme souffrant ou sacrifié.
De 1880 à 1960, la Méditerranée est une source d’inspiration pour les plus grands courants artistiques, de l’impressionnisme au fauvisme, en passant par le cubisme, les expériences surréalistes ou l’abstraction. Cézanne, Matisse, Van Gogh, Bonnard ou Gauguin… : tous ces peintres se sont nourris des couleurs et des lumières éclatantes du Midi. Ils y ont installé leurs ateliers et y ont découvert des paysages à peindre. Enfin, ils s’y sont rencontrés.
En parallèle à l'exposition Le grand atelier du Midi, du 13 juin au 13 octobre 2013 au musée Granet d'Aix-en-Provence et au musée des Beaux-Arts de Marseille, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, ce documentaire propose une fascinante déambulation parmi les œuvres impressionnistes qu'a inspirées la Méditerranée. À travers de riches archives personnelles, il raconte le dialogue constant entre les peintres de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, qui n’ont cessé d'échanger des lettres. Un lumineux voyage en pays méditerranéen, à la découverte d’un Midi surprenant et créatif, lieu privilégié de l’avant-garde picturale.
La représentation du paradis occupe une place centrale dans l'art en Occident. De l'école italienne à l'école flamande, différentes représentations ont symbolisé des tournants majeurs dans l'histoire de l'art. C'est, par exemple, en imaginant le paradis que les peintres ont introduit la nature dans leurs tableaux. Au XVIIe siècle, la parfaite maîtrise de la perspective et du trompe-l'œil a produit l'illusion d'un mouvement de la Terre vers le ciel, comme le font les voûtes vertigineuses des églises de San Gesù et San Ignacio, à Rome.
Au-delà de la vision artistique, les différentes représentations du paradis laissent aussi apercevoir l'évolution sociale ou politique des peintres, des mécènes et des époques. En 1630, la voûte du palais Barberini, peinte par Pietro da Cortona, sert avant tout à vanter le pouvoir de la famille florentine à l'origine de la commande. Enquête artistique Pour comprendre comment les artistes ont représenté le paradis terrestre ou céleste, la réalisatrice Florence Mauro nous emmène en voyage, sous la forme d'un documentaire à la fois historique et géographique, véritable enquête artistique, qui évoque sous un jour nouveau des tournants de l'histoire de l'art.
Portrait d’une figure de la Résistance italienne qui, à travers les activités de la maison d’édition Einaudi, a fait de la culture une arme politique contre l’idéologie fasciste.
Fruit des amours estivales de sa mère avec un Italien, Leone Ginzburg naît en 1909 à Odessa dans une famille juive aisée et cultivée qui s'installe à Turin en 1923, un an après l’accession au pouvoir de Mussolini. Dans la capitale de l’intellectualisme militant, sur les bancs du lycée d’Azeglio, Ginzburg se lie d’amitié avec Cesare Pavese, Guilio Einaudi, Massimo Mila, Norberto Bobbio... En 1933, le jeune homme, qui a obtenu la nationalité italienne, entraîne ses camarades dans l’aventure de la création des éditions Einaudi, pour lesquelles il assure des traductions et dirige des collections et des revues avec une implacable exigence éditoriale. Parallèlement, il prend la tête de la branche turinoise du mouvement antifasciste Giustizia e Libertà, jusqu’à son arrestation en mars 1934. Libéré sous surveillance en 1936, il est exilé dans la petite ville de Pizzoli après l’entrée en guerre de l’Italie. Il meurt dans une prison romaine le 5 février 1944, torturé par les nazis, qui ont envahi le pays.
Radicalité
"C’est par sa patrie volontairement acquise qu’il a été tué", écrira de lui son professeur Augusto Monti. En archives et témoignages – dont celui de son fils, l’historien Carlo Ginzburg –, Florence Mauro relate l’admirable et émouvante trajectoire d’un homme qui a mené le combat de l’antifascisme sur les fronts politique et culturel, sans souffrir aucune compromission.