6 résultat(s)
À travers le regard de cinq jeunes photographes, ce film parle de l'Iran d'aujourd'hui, de sa jeunesse, de sa vitalité.
Cinq jeunes artistes d'Iran dressent à travers la photographie un portrait de leur pays aussi complexe qu'inattendu. Dans un pays où la culture et l'art demeurent sous le contrôle de l'État, ces photographes, dont trois sont nés après la révolution islamique de 1979, ont choisi malgré les contraintes et les difficultés de rester dans leur pays, par fierté et par passion.
La photographie est pour eux un outil d’expression, mais aussi un moyen de se réapproprier leur identité, loin des clichés occidentaux. Des cinq photographes suivis dans ce film, quatre sont des femmes, toutes reconnues internationalement : Solmaz Daryani, Shadi Ghadirian, Tahmineh Monzavi et Newsha Tavakolian. Elles utilisent l'image pour évoquer notamment leur statut de femme et leur place dans la société iranienne. En contrepoint, Abbas Kowsari, lui, interroge celle du masculin. Dans leur travail photographique, tous contournent la censure avec habileté et humour.
Qui sont ces artistes qui nous entraînent sur des territoires méconnus, loin des stéréotypes ? De quelles stratégies usent-ils pour poursuivre leur travail, comment font-ils pour contourner la "ligne rouge" des interdits ?
De la prise de vue au vernissage de l'exposition, ce film les suit dans leur quotidien mouvementé, et nous conduit de Téhéran à Kashan jusqu’au lac d'Ourmia, pour offrir une vision neuve de leur pays. Un parcours vibrant et inspirant.
Etoile de la Scam 2018
Soixante-dix ans après la parution d’Un barrage contre le Pacifique, et alors que le passé colonial de la France suscite toujours des débats houleux, ce documentaire propose une relecture éclairante du chef-d’œuvre subversif de Marguerite Duras.
En 1950, le prix Goncourt échappe à Marguerite Duras, en lice avec Un barrage contre le Pacifique. Si l’écrivaine décèle dans ce revers la sanction de son engagement communiste, le propos même de ce grand roman, trop subversif et antipatriotique pour l’époque, a certainement suffi à refroidir le jury. Alors que la population française adhère encore massivement aux valeurs du colonialisme, ce récit inspiré de sa jeunesse miséreuse en Indochine, qui fit pour l’auteure office de "psychanalyse", résonne comme une charge violente contre un système prédateur, pornographe, raciste et brutal. À travers la ruine de sa mère, flouée par l’administration coloniale, qui lui a vendu une concession incultivable, Marguerite Duras dépeint le quotidien dans "la perle de l’empire", à rebours des discours officiels vantant l’œuvre civilisatrice de la France. Si le livre, inévitablement, charrie les préjugés dans lesquels la romancière a baigné, présentant ainsi les "indigènes" comme une masse indistincte, il n’en montre pas moins l’envers de la carte postale, entre travailleurs réduits à l'esclavage et femmes sexuellement exploitées, "dans ce bordel colossal qu'était la colonie".
Vampirisme
Soixante-dix ans après sa parution, ce documentaire propose une plongée saisissante dans l’œuvre de Marguerite Duras. Au fil de lectures d’extraits, d’interviews de la romancière, d’archives inédites de l’Indochine des années 1930 et d’éclairages de spécialistes (la politologue Françoise Vergès et l’anthropologue Ann-Laura Stoler en tête), le film décrypte les rouages du "grand vampirisme colonial" – en particulier, l’appropriation des corps indigènes –, explore les ambiguïtés de Duras face à cette histoire, et interroge les traces laissées par ce passé dans les imaginaires.
Leurs photographies ont fait le tour du monde. Dans les années 1970, avec la montée en puissance de la lutte anti-apartheid, ce furent celles de David Goldblatt ou du collectif Afrapix, héraut de la struggle photography. Né du drame politique de l'Afrique du Sud, cet engagement artistique unique au monde trouve aujourd'hui écho dans le travail d'une nouvelle génération de photographes : aux côtés de leurs aînés, Jodi Bieber, Pieter Hugo ou Zanele Muholi se sont à leur tour emparé de cette "arme" pour témoigner puissamment des déchirements de la société post-apartheid. Des émeutes de Soweto, en 1976, aux inégalités ravageuses du présent, du militantisme politique d'hier à l'activisme visuel d'aujourd'hui, leurs voix et leurs images, mêlées à des films d'archives parfois inédits, racontent avec force et émotion quarante ans d'une histoire brutale, toujours en train de s'écrire.
Qui, en dehors des cinéphiles, connaît aujourd’hui Alice Guy (1873-1968) ? Elle fut pourtant la première femme derrière la caméra, et la première réalisatrice et productrice de films de fiction de l’histoire. Raconté à la première personne, ce beau documentaire redonne sa juste place à cette pionnière, dont le nom a été effacé de l’histoire du septième art.
À l’aube du XXe siècle, alors que le monde se passionne pour les images en mouvement, fruit des expérimentations d’Edison et des frères Lumière, la jeune Alice Guy est engagée comme secrétaire au service de Léon Gaumont. Sur son temps libre, elle se met à réaliser de courts films fantaisistes pour promouvoir le chronophotographe de la société. Leur succès est immédiat : promue directrice de production chez la Gaumont, la jeune femme à la créativité débridée réalisera en une dizaine d’années quelque deux cents courts ou moyens métrages, avant d’embarquer pour New York, où elle fonde en 1910, avec son époux Herbert Blaché, sa société de production. Au faîte de sa popularité, la puissante Solax produira jusqu’à deux films par semaine, faisant d’Alice Guy la femme d’affaires la mieux payée des États-Unis…
Femme spoliée
Premier péplum de l’histoire, (La vie du Christ en 1906), premier film à la distribution entièrement afro-américaine, premier making of… : on ne compte plus les innovations signées Alice Guy. Ses mille et une trouvailles de mise en scène et de trucages, comme son approche naturaliste du jeu d’acteur, ont contribué à façonner le langage cinématographique tel que nous le connaissons. Comment une telle visionnaire, dotée d’un regard acéré sur son temps et sur la place des femmes dans la société, a-t-elle pu disparaître de la mémoire collective ? À travers ce passionnant documentaire narré à la première personne – nourri d’un impressionnant travail d’archives et illustré par la dessinatrice Catel Muller, co-initiatrice de ce documentaire avec José-Louis Bocquet –, Valérie Urréa et Nathalie Masduraud (H24 – 24 heures dans la vie d’une femme) réhabilitent une immense figure du septième art, effacée de l’histoire officielle et spoliée, parce que femme, de la "paternité" de la quasi-totalité de son œuvre. Si une partie de ses films a été perdue, de patientes recherches ont permis d’en identifier une centaine, souvent attribués à tort à des collaborateurs : des pépites d’humour et de poésie, sonorisées pour l’occasion – un procédé dont Alice Guy fut, là encore, pionnière –, dont des extraits émaillent ce documentaire.