Après un dernier album dédié à la musique acoustique et aux grands espaces américains, Arman Méliès se réinvente en compositeur électronique et brasse dans un double album maximaliste aux textures synthétiques et à l’écriture cinématographique. Durant plus d’une heure et demie, on y croise des fantômes japonais, les spectres d’Ennio Morricone et de Christophe, et le souvenir de ses propres parents, disparus il y a 25 ans. En japonais, “obake” signifie esprits, et les apparitions ici, sont en toute logique omniprésentes. À commencer par celles des vivants. Car si l’album a été enregistré seul, Arman a ensuite bousculé ses habitudes en invitant un parterre éclectique de musiciennes et de musiciens. Au fil de cet album, on croise l’artiste suédoise Fredrika Stahl, qui enlumine de son chant si particulier l’aérien “Haunted” et ses mélodies spectrales. Jonathan Morali, la voix de Syd Matters (pour l’occasion accompagné aux chœurs de Pauline Denize), s’invite sur “Neon Demon”, pour une pièce de près de 7 minutes à la fois dansante et introspective. Abd Al Malik et son timbre inimitable enchante “Les Mondes Périphériques”, autre titre fleuve qui n’est pas sans évoquer l’électro complexe d’un Jon Hopkins. Les fantômes ne sont pas toujours là où l’on croit. Sur “Vanisher”, c’est La Féline qui mêle sa voix à celle d’Arman. Et puis bien entendu, outre ces invités, il y a les autres. Les absents, les revenants. Les Obake.