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Dans un noir et blanc splendide dans lequel le halo autour du blanc évoque à la fois la brume campagnarde et la qualité fantomatique de ces âmes, un groupe d’hommes et de femmes vaque à ses occupations, caressant une vache qui s’attarde près du perron d’une grande maison de bois, fumant à l’extérieur, écoutant l’un des leurs jouer de l’accordéon. Ce court-métrage tourné il y a dix ans devant un asile psychiatrique rural du Nord-Ouest de la Russie rappelle "La Colonie" du même Loznitsa (2001), mais il en creuse l’étrangeté par un parti-pris sonore saisissant : à la fois très présent et feutré, le son non-dialogué, au lieu de bâillonner ces figures énigmatiques, amplifie leur envergure, les rendant emblématiques.
Les 29 et 30 septembre 1941, le Sonderkommando 4a du Einsatzgruppe C, avec l’aide de deux bataillons du Régiment de Police Sud et de la Police auxiliaire ukrainienne, a abattu, sans la moindre résistance de la part de la population locale, 33 771 Juifs dans le ravin de Babi Yar, situé au nord-ouest de Kiev. Le film reconstitue le contexte historique de cette tragédie à travers des images d’archives documentant l’occupation allemande et la décennie qui a suivi. Lorsque la mémoire s’efface, lorsque le passé projette son ombre sur le futur, le cinéma est la voix qui peut exprimer la vérité.