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Portrait sensible de l'un des plus grands photographes du siècle passé, au regard toujours aiguisé.

Il a beau figurer parmi les photographes incontournables du XXe siècle, avec certains de ses clichés devenus iconiques, Elliott Erwitt, à plus de 90 ans, demeure toujours insatiable. Le travail reste sa motivation quotidienne et composer un plan ou orchestrer la sortie de son prochain livre l'occupe presque dix heures par jour. C'est cette passion incandescente pour la "prochaine image" à saisir, cet esprit toujours en marche, que ce film, réalisé par son assistante Adriana Lopez Sanfeliu, se propose d'accompagner, non sans une tendresse manifeste. 

Ironie libre 
Ancien directeur de l'agence Magnum, devenu célèbre pour ses portraits de onze présidents des États-Unis ou de stars du cinéma, cet Américain, né à Paris en 1928, s'est aussi distingué par des choix plus politiques (la ségrégation raciale, le Che) ou humanistes (les enfants, les chiens et leurs maîtres), non sans un certain humour. "Je mets beaucoup de sérieux à ne pas être sérieux", a-t-il avoué lors d'une rare interview accordée à un journaliste de télévision. Une ironie douce, souvent adressée à lui-même, que parvient à capter Adriana Lopez Sanfeliu en suivant le quotidien de son mentor. Portrait sensible, libre, son film rare – Elliott Erwitt n’aime pas être regardé – fait de la lenteur de son vieux personnage un motif récurrent, et aussi un motif d'étonnement, tant la force qu'il dégage derrière son appareil impressionne. "Le succès, c'est la liberté de pouvoir faire ce qu'on veut à tout moment." 

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