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Correspondant de guerre et amateur de safaris et de pêche au gros, Hemingway a nourri son œuvre de son vécu. Par le prisme des femmes qui ont partagé sa vie, le portrait inédit d’un géant de la littérature américaine.
Né en 1899, à Oak Park, une banlieue paisible de Chicago, Hemingway répond tout jeune à l’appel du large : à 18 ans, il s’engage comme ambulancier de la Croix-Rouge sur le front italien, où il sera blessé. Au lendemain de la Grande Guerre, devenu journaliste, l’intrépide est recruté en 1920 par le Toronto Star comme correspondant étranger. Ses pas et sa plume vont notamment le conduire à Paris, auprès des Républicains pendant la guerre civile espagnole ou encore à Londres, prise sous le Blitz hitlérien. S’embarquant pour des cieux plus ensoleillés que ceux de son Illinois natal, après s’être pris de passion pour la tauromachie, l’écrivain goûte aux plaisirs des safaris en Afrique et à ceux de la pêche au gros au large de Key West avant de recevoir, pour Le vieil homme et la mer, le Pulitzer et le Nobel de littérature, en 1954. Au cours de ces quatre décennies, il aura aussi épousé quatre femmes qui, tour à tour, tenteront de le sauver de ses démons, entre enfance compliquée, frénésie d’alcool et terreur de la page blanche.
Les femmes de sa vie
Pour explorer la vie romanesque dont Ernest Hemingway a nourri son œuvre, Virginie Linhart (Vincennes, l'université perdue) braque la focale sur les femmes qu’il a aimées et épousées et dont il a été aimé. Si aucune ne ressemble à l'autre, ces quatre histoires d’amour éclairent différentes facettes de sa personnalité et de son parcours, chacune correspondant à un territoire et une époque : Elizabeth Hadley, au Paris bohème des années 1920 ; Pauline Pfeiffer, à la Floride de la décennie suivante ; Martha Gellhorn, à l’Europe ravagée par la Seconde Guerre mondiale ; et enfin Mary Welsh, aux plages de La Havane et au retour dans l’Amérique profonde, jusqu'au suicide d'Hemingway en 1961. Riche de formidables archives (photos et films), racontées en voix off par la comédienne Anaïs Demoustier, une émouvante immersion dans l’intimité d’un écrivain hors norme.
Du printemps 1944 à la capitulation du Troisième Reich en mai 1945, les nazis ont organisé dans le plus grand chaos le transfert des détenus depuis les camps des territoires occupés de l’Est. Dans un documentaire poignant, Virginie Linhart retrace cet épisode tragique méconnu de l'horreur concentrationnaire.
Le 22 juin 1944, Himmler signe l’ordre officiel déléguant aux responsables SS des camps de concentration situés dans les territoires occupés à l’Est par le Reich – des pays Baltes à la Pologne et la Tchéquie d'alors – l’évacuation des détenus aptes au travail vers des camps éloignés du front. Pris en tenaille par l’offensive des troupes anglo-américaines et celle de l’Armée rouge, le régime nazi veut continuer à faire tourner sa machine militaro-industrielle avec sa main-d’œuvre de captifs. De Majdanek via Lublin, à partir d’avril 1944, jusqu’à Auschwitz-Birkenau, puis, entre l’été 1944 et l’hiver 1945, d’Auschwitz-Birkenau jusqu’à Dachau, près de Munich... : à mesure que le front se rapproche des camps de l’Est, les évacuations des captifs de quelque 500 camps disséminés dans toute l’Europe centrale et orientale se déroulent dans le plus grand chaos. Transférés à pied ou parfois en camion jusqu’à des gares où ils sont entassés dans convois de marchandises, plus de 700 000 détenus, hommes et femmes jugés aptes au travail, vont ainsi prendre la route tout au long de la dernière année du conflit mondial pour rejoindre, de camp en camp, l’Allemagne et l’Autriche. Plus d’un tiers d’entre eux mourront lors de ces terribles "marches de la mort", succombant à la faim, au froid, à l’épuisement, voire seront abattus en chemin par leurs gardiens ou les populations des villages traversés.
Périple cauchemardesque
Les images des marches de la mort sont rares : une poignée de photos prises clandestinement par des civils, des images de films amateurs comme celles qui témoignent du départ à pied, à l’automne 1944, de 50?000 juifs du ghetto de Budapest vers Vienne. Seule mémoire vivante, celle des témoignages de rescapés célèbres comme Marceline Loridan-Ivens, Simone Veil ou Primo Levi, qui ont raconté leur périple cauchemardesque, mais aussi d’anonymes, recueillis pour la télévision ou la Fondation des archives de l'histoire audiovisuelle des survivants de la Shoah, fondée par Steven Spielberg. Réunissant les éclairages des historiens Christian Ingrao, Annette Wieviorka, Johann Chapoutot et Tal Bruttmann, Virginie Linhart (Ernest Hemingway – Quatre mariages et un enterrement, Ce qu'ils savaient – Les Alliés face à la Shoah, Après les camps, la vie…) documente l’un des épisodes les plus méconnus de la folie jusqu’au-boutiste d’un Troisième Reich refusant de se résoudre à la défaite jusqu’aux derniers jours de la guerre.
Dans le bois de Vincennes, jadis, il existait une université révolutionnaire. Là-bas, les fils de bonne famille pouvaient s'instruire aux côtés d'étudiants venus du monde entier, le bachelier studieux côtoyait des femmes et des hommes aux parcours sinueux. Là-bas, on expérimentait : suppression des cours magistraux, des limites d'âge, ouverture aux paysans, aux ouvriers et aux non diplômés, naissance d'un département de psychanalyse, de cinéma, création de cours du soir pour les salariés, d'un souk, d'une crèche... Autant de choses impensables pour un pouvoir gaulliste à bout de souffle, protecteur d'un monde ancien. Mai 68 est passé par là et pendant douze ans, Vincennes vit, s'agite, dérange, attirant les meilleurs professeurs du pays, marqués (très) à gauche. "La forêt pensante" devient le lieu de référence mélangeant militantisme et apprentissage. Que reste-t-il de ces douze années bouillonnantes ?