Comme tous les matins, Sonia Bergerac (Isabelle Adjani), prof de français dans un collège “difficile”, entame son premier cours sous les injures. Tandis qu’elle s’échine à parler de Molière, les adolescents s’invectivent avec agressivité. Au comble de l’exaspération, Sonia tente de séparer deux jeunes caïds. C’est alors qu’un pistolet tombe d’un sac. La professeur s’en empare et, dans la confusion, profite de l’inversion du rapport de force pour prendre la classe en otage… Record d’audience lors de sa première diffusion sur Arte le 1er mars 2009, un mois avant sa sortie en salles, “La journée de la jupe” réalisé par Jean-Paul Lilienfeld (“Quatre garçons plein d’avenir”) a pris un tour événementiel grâce à la présence, en tête d’affiche, de l’icône Isabelle Adjani, plutôt rare à l’écran au cours de cette dernière décennie. Physiquement transformée, l’actrice rentre de plein fouet dans ce rôle de martyr, qu’elle incarne avec une énergie et une autodérision impressionnantes. Certes, elle en fait un peu trop (comme le film), mais cette emphase sied au personnage en plein pétage de plombs, hystérique et découragé. Plus qu’un traité sur la difficulté d’enseigner en milieu difficile, le film recense tous les problèmes liés au malaise des banlieues, ici exposés sans autre forme de procès (respect, laïcité, racket, religion, viol). On peut regretter l’amoncellement de clichés et le discours parfois ambigu et caricatural, qui pourrait passer pour réactionnaire. Mais “La journée de la jupe” fait aussi office d’électrochoc, et son caractère dérangeant ne peut que susciter la réflexion.