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Sorti en 2016, Moi, Daniel Blake de Ken Loach a ému le monde entier. Dans ce documentaire, Rémi Lainé raconte la genèse et le retentissement inattendu de cette œuvre engagée et documentée.
Palme d’or à Cannes en 2016, Moi, Daniel Blake est nourri de l’indignation de l’éternel rebelle Ken Loach. Cinquante-cinquième film du réalisateur, aujourd’hui âgé de 84 ans, il retrace le parcours d’un homme malmené par les prétendus services d’aide à la recherche d’emploi outre-Manche. Le scénario puise sa source dans la casse du système de protection sociale britannique, décidée en 2010 par le gouvernement Cameron. Pour étayer leur script, Ken Loach et son scénariste Paul Laverty ont enquêté et rencontré un lanceur d’alerte, qui leur a démontré que les employés des agences Pôle emploi outre-Manche étaient encouragés à sanctionner les bénéficiaires. Révolté, le duo a alors imaginé les personnages de Daniel et Katie, deux chômeurs en butte à ces méthodes malveillantes. Pour le tournage en 2015 à Newcastle, terre natale ouvrière de Ken Loach, le réalisateur a, comme à son habitude, recruté dans un souci d’authenticité des comédiens non professionnels, habilement mêlés à des acteurs confirmés.
Un phénomène mondial
Cinq ans après sa sortie en salles, le documentariste Rémi Lainé (La victoire en chantant, Opéra-Comique, naissance d’une académie) raconte la genèse d’un drame social au succès planétaire. Il a rencontré Ken Loach et son équipe, inchangée depuis près de vingt ans, et composée, notamment, du scénariste Paul Laverty et de la productrice Rebecca O’Brien. Lesquels évoquent l’écho inattendu que le film, miroir de son époque, a rencontré dans le monde et au Royaume-Uni. Le député travailliste Jeremy Corbyn a même suggéré à Theresa May, Première ministre conservatrice de l’époque, de le visionner. Illustré par des extraits du tournage et par les essais des acteurs Dave Johns et Hayley Squires, un film qui décompose pas à pas la singulière méthode Ken Loach, toujours guidée par une inflexible quête de vérité.
Chaque année dans le monde, trente mille personnes sont la cible d’enlèvements, motivés, dans 99 % des cas, par le seul appât du gain. Autrefois réservés aux hommes d’affaires et aux multinationales, les contrats "kidnap & ransom" couvrent désormais les journalistes, sportifs, ONG et simples particuliers, faisant fructifier en coulisses les compagnies d’assurances et les sociétés de sécurité privée avec lesquelles elles collaborent.
Au cours d’une investigation obstinée de trois ans, Rémi Lainé est parvenu à démêler l’écheveau de ce réseau mondial aussi secret que lucratif, en recueillant – souvent pour la première fois – les témoignages d’assureurs et de négociateurs. Au Venezuela, pays le plus touché au monde par les prises d’otages, il a pu suivre les grandes étapes des pourparlers entre les ravisseurs d’un jeune homme et son père, conseillé par l’ex-directeur de la police judiciaire reconverti comme négociateur. Parallèlement, il a rencontré au Danemark le journaliste Jeppe Nybroe, enlevé à la frontière libano-syrienne, qui a assisté à l’intégralité de la négociation de sa rançon, ainsi que le négociateur qui a mené cette mission périlleuse.
Marchandage et marchandisation
"Si on vous a coupé un doigt, vous percevez plus d’argent", lance, sans ciller, une dirigeante de compagnie d’assurances. De la City à Caracas, de New York à Mogadiscio, ce film pénètre les arcanes d’un business en pleine expansion, entre contrats cousus main et constitution d’une police privée sans frontières. Il met en lumière son impact sur les pays particulièrement exposés, où les pauvres deviennent des cibles faciles quand les plus aisés se barricadent.
Duch, directeur de S-21, l’un des principaux centres de répression du régime Khmer rouge, a été condamné le 3 février 2012 à la réclusion à perpétuité par le Tribunal international chargé de juger les responsables des crimes contre l’humanité commis au Cambodge entre 1975 et 1979. Cette condamnation définitive marque une étape décisive dans le processus judiciaire engagé au Cambodge. Le procès entre désormais dans une deuxième phase : contrairement à Duch, qui a reconnu sa culpabilité et a accepté de collaborer avec l'instruction, les quatre autres accusés, qui étaient ses supérieurs (Khieu Samphan, Nuon Chea, Ieng Sary, Ieng Tirith) se murent dans le silence. Munis d'une autorisation exceptionnelle, Rémi Lainé et Jean Reynaud ont pu suivre tout au long de l’instruction le juge mandaté par l'ONU, Marcel Lemonde, ainsi que son équipe, pour nous ouvrir les coulisses du procès, et nous éclairer sur ses enjeux et ses limites.Parcours du combattantLes enquêteurs et les magistrats dont on découvre dans ce film passionnant le travail au quotidien, ont eu pour mission de rechercher, trente ans après les faits, les éléments juridiques, notamment des témoignages, permettant d'inculper les derniers dirigeants du régime encore en vie. Accusés combatifs en dépit de leur grand âge, avocats retors, victimes toujours sous le choc, témoins cherchés à l'aveuglette, pressions politiques exercées par le gouvernement de Hun Sen… : la procédure apparaît comme un véritable parcours du combattant. D'une reconstitution dans l'ancien centre de détention S-21, où Duch retourne pour la première fois, à une déposition recueillie sur le terrain, en passant par les interrogatoires successifs menés par les juges, cette plongée au cœur de l'instruction, émaillée de séquences cathartiques, permet aussi de comprendre, à travers les aléas de la justice, l'histoire et les séquelles d’une des plus grandes tragédies du XXe siècle.
Temple de l’art lyrique, le lieu, pourtant chargé de retentissantes créations, saisit par sa programmation souvent plus audacieuse que la grande boutique : jusqu’à aujourd’hui, le théâtre est comme sa façade, caché dans le Paris culturel, souffrant évidemment à l’ombre de l’Opéra de Paris. Coup de jeune sur cette institution, en compagnie de l’académie de jeunes chanteurs lyriques qu’elle accueille chaque année dans ses murs.
Dans les années 1980, Oliver Stone, ancien élève de Scorsese oscarisé pour Platoon, entreprend, pour sa première collaboration avec les studios hollywoodiens, de mettre en scène l’effervescence de la Bourse américaine, dopée par la dérégulation reaganienne et l’ahurissante accélération des profits. Une fresque au cœur de la jungle de la haute finance qu’il documente avec son scénariste Stanley Weiser. Dans le film, Bud Fox, jeune courtier, tente de surfer sur la déferlante de dollars, dans l’ombre du trader Gordon Gekko, prédateur survolté, inspiré par les golden boys, nouveaux maîtres du monde dont certains seront condamnés pour délits d’initiés.
Ironie de l’histoire
Au travers d’entretiens inédits avec les protagonistes – dont Oliver Stone et Michael Douglas –, le documentariste Rémi Lainé (La rançon) revisite l’histoire de ce film visionnaire sorti à la veille du krach d’octobre 1987. Il montre d’abord combien le cinéaste met au jour avec lucidité les mécanismes du capitalisme financier dont les années 1980 marquent l’avènement, avant les crises à répétition comme celle des subprimes. Mais si Wall Street triomphe au box-office, il échoue dans sa critique radicale du système, hissant – ironie de l’histoire – le requin Gekko au rang d’icône de l’argent roi. Donald Trump reprendra d’ailleurs sa tirade culte "greed is right" ("la cupidité, c’est bien"). Le documentaire, enfin, lève le voile sur la filiation qui infuse le film : l'hommage d'Oliver Stone à son père, courtier gentleman d’un âge révolu ; Michael Douglas, comparé défavorablement au grand Kirk sur le tournage pour stimuler sa rage de vaincre (laquelle lui vaudra un Oscar) ; ou le puissant duo père-fils formé par Martin et Charlie Sheen, respectivement mécanicien syndicaliste et apprenti trader à l’écran. Un éclairage passionnant.
En trois actes poignants, aussi rigoureux qu'un grand procès d'assises, Rémi Lainé et Pascale Robert-Diard livrent la vérité humaine de l'affaire Le Roux-Agnelet, au fil d'un vertigineux feuilleton judiciaire de près de quarante ans.
Ravages
En janvier 2021, libéré depuis peu pour raisons de santé et accueilli en Nouvelle-Calédonie par son plus jeune fils, Thomas, Maurice Agnelet est mort sans rien révéler du sort d'Agnès Le Roux, ni avouer sa culpabilité. Le bouleversant épilogue de cette affaire hors norme n'a donc dissipé qu'en partie les ravages causés de part et d'autre par le secret. Mais le réalisateur Rémi Lainé et la journaliste Pascale Robert-Diard, qui lui a consacré le livre La déposition, paru en 2016, restituent la poignante vérité humaine de ce vertigineux feuilleton judiciaire. Aux côtés de Patricia et Jean-Charles Le Roux, frère et sœur d'Agnès, et de Guillaume et Thomas Agnelet, tous quatre impressionnants de retenue face à la caméra, les protagonistes des procès – juges et avocats, dont Hervé Temime, disparu le 10 avril dernier – témoignent avec le même engagement. Nourri d'archives inédites transmises par les deux familles, ce récit documentaire fluide et captivant possède la force dramatique, mais aussi la rigueur, d'un grand procès.