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Des croisades fondamentalistes des années 1950 au metal chrétien, soixante ans d'une bataille sans merci entre rock et religion.
Dès sa naissance, le rock bouscule la morale chrétienne. Ses origines afro-américaines et son rythme endiablé hérissent les dévots. Dans le sud des États-Unis, des fondamentalistes partent en croisade, mais les autodafés, les interdits et, plus tard, les stickers "parental advisory" n'empêchent pas le rock d'attirer de plus en plus de fidèles. Ceux-ci préfèrent, de loin, ses grand-messes festives à celles des églises. Moment de communion mystique, le concert rock emprunte ses codes à la religion. Après leur mort, des fans éplorés ont même élevé des autels à Elvis Presley et à Lemmy de Motörhead.
Le diable fait vendre
Parallèlement, des musiciens décident, puisqu'on les accuse de collusion avec Satan, de pactiser avec lui. Cela donnera le black metal. Ce sous-genre du heavy metal se fait connaître dans les années 1990 grâce à une scène norvégienne dangereusement radicale (meurtres, incendies d'églises), avant de se convertir joyeusement au marketing. La panoplie diabolique s'avère en effet rentable. Mais aujourd'hui, la religion chrétienne a entamé un vaste mouvement de récupération des styles musicaux, metal compris. Il n'est pas rare de voir de jeunes chevelus tout de noir vêtus scander d'une voix éraillée un pieux "Béni soit Ton Nom." Des processions de fans d'Elvis à une improbable église metal, ce documentaire aux réjouissantes archives, où rôdent des spécialistes hauts en couleur et des mauvais garçons repentis (tel Pierre Favre, ex-membre des Garçons Bouchers devenu bénévole au Secours catholique), retrace avec l'humour sardonique requis le tonitruant combat entre religion et rock, deux forces qui ont fini par s'annuler l'une l'autre.
Prix Sacem du meilleur documentaire musical de création, Lussas 2018