Les signaux d'alerte se multiplient sur les catastrophes écologiques. La valeur de ces signaux n'est pas régie par le critère de la vraie ou de la fausse alerte, ni par le principe du bon ou du mauvais gouvernement, mais par l'attractivité du signal, c'est-à-dire sa capacité à susciter l'attention et l'intérêt de ceux qui le reçoivent.En s'appuyant sur une étude des sentinelles des pandémies dans les sociétés asiatiques, Frédéric Keck montre que les territoires qui émettent des signaux d'alerte, comme Hong Kong, Taïwan ou Singapour, ont entre eux des relations de compétition et de collaboration analogues à celles des oiseaux qui concourent pour alerter sur la présence d'un prédateur. Dans cette émulation, où les pays échangent des informations pour prendre les mesures les plus rapides, se joue une nouvelle forme de solidarité globale et de justice sociale.Pour prendre la mesure de ce phénomène, l'auteur propose une lecture de quelques penseurs des signaux d'alerte (Claude Lévi-Strauss, Amotz Zahavi, Anna Tsing) ; puis une histoire des grandes crises sanitaires depuis vingt ans ; enfin, une approche de certaines oeuvres d'art (romans, films, expositions), qui nous préparent aux prochaines crises en faisant travailler notre imaginaire.Frédéric Keck a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire de l'anthropologie française (Lucien Lévy-Bruhl, Émile Durkheim, Henri Bergson, Claude Lévi-Strauss) et deux livres sur les crises sanitaires causées par les maladies animales : Un monde grippé (Flammarion, 2010) et Les Sentinelles des pandémies (Zones sensibles, 2020). Il a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2012 et a dirigé le département de la recherche du musée du quai Branly entre 2014 et 2018.