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En soixante-dix ans de métier, il a brûlé les planches et tourné dans quelque deux cents films, écrivant en parallèle des scénarios, produisant et réalisant même trois longs métrages. Formé au théâtre, où il débute en 1945, Michel Piccoli a déjà la quarantaine quand il émerge au cinéma. Repéré au début des années 1960 dans Le Doulos de Melville, il entre enfin en pleine lumière avec Le Mépris de Godard. Enchaînant les rôles, le comédien va tourner un demi-siècle durant sous la direction des plus grands réalisateurs : Costa-Gavras, Demy, Cavalier, Hitchcock…
S'appuyant notamment sur ses collaborations avec trois d'entre eux – Claude Sautet, qui, des Choses de la vie à Mado, l'a dirigé à cinq reprises, Luis Buñuel et Marco Ferreri avec qui il a tourné sept films – Yves Jeuland brosse le portrait d'un acteur populaire, toujours prêt à prendre des risques dans des projets audacieux et maintes fois récompensé : prix d'interprétation à Cannes en 1980 pour Le saut dans le vide de Marco Bellocchio, césarisé à cinq reprises et obtenant un Molière deux années de suite pour Le roi Lear.
Qu'aimerait-il que l'on retienne de lui ?
"'Michel Piccoli a aimé son métier, il l'a servi de son mieux', ce serait pas mal et je crois que c'est vrai", ose-t-il au crépuscule d'une vie entière passée à jouer. Construit avec de nombreux extraits de films et d'interviews données par l'intéressé tout au long de sa carrière, l'émouvant portrait que lui consacre Yves Jeuland (Les gens du monde, Il est minuit Paris s'éveille) fait revivre tout un pan du cinéma français que cet acteur a marqué de son extravagant talent.
Dans l’euphorie de l’après-guerre fleurit une flopée de petits cabarets où une jeunesse avide de nouveauté et de liberté s’entasse avec délices pour écouter ses chanteurs préférés. Transformant ses caves et ses arrière-salles en minuscules scènes, Saint-Germain-des-Prés devient le point de ralliement. Une nouvelle génération d’interprètes émerge. Ils ne sont ni apprêtés, comme Juliette Gréco qui se produit en “noir de travail”, ni grands ni beaux comme Aznavour qui mettra dix ans à percer. Ils chantent avec leur sensibilité et leurs aspérités des textes poétiques, fantaisistes ou libertaires, et cela plaît.
Des p'tits zinzins
Le Milord l’Arsouille, Le Tabou, L’Écluse, Le Vieux Colombier, L’Échelle de Jacob... : entre 1945 et 1968, plus de deux cents cabarets ouvrent à Paris, à Saint-Germain-des-Prés, puis dans le quartier de la Contrescarpe. Véritable vivier que ces petites scènes de minuit où débuteront Barbara, Brel, Ferré, Mouloudji, les Frères Jacques, Aznavour, Gainsbourg, Ferrat, Bobby Lapointe... Orchestrant des archives foisonnantes (chansons, reportages, entretiens), ce documentaire fait revivre cette période effervescente. Tout en se dandinant, un Gainsbourg intimidé explique qu’il est “plus facile d’attaquer que d’encaisser”. Barbara se défend d’être un auteur-compositeur ou un poète : “Je fais juste des p’tits zinzins qui me vont.” Une Anne Sylvestre aux yeux de biche s’agace d’une carrière qui met du temps à démarrer. Le film comporte aussi de nombreuses interviews d’artistes comme Juliette Gréco, Jean Rochefort, particulièrement en verve, Charles Aznavour, Pierre Perret, Serge Lama, Anne Sylvestre, Paul Tourenne des Frères Jacques ou le parolier Henri Gougaud, conseiller sur ce film.