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Quatre-vingts ans après le début de la Seconde Guerre mondiale, le récit, au jour le jour et de l’intérieur, des mois d’incertitude qui ont précédé le déclenchement de la grande offensive hitlérienne sur l’Europe occidentale.
Le 3 septembre 1939, à la suite de l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne nazie. Les mobilisés tricolores rejoignent leurs unités, tandis que les premières troupes britanniques débarquent dans l’Hexagone pour protéger la frontière avec la Belgique. Entre évacuations, distributions de masques à gaz et constructions d’abris, les mesures de protection des populations contre les bombardements (ou "défense passive") se mettent rapidement en place. Convaincus que le temps jouera en leur faveur, les Alliés se retranchent derrière la ligne Maginot et tentent d’asphyxier le Reich par un blocus maritime. Le Führer, de son côté, projette une offensive fulgurante et sans délai vers l’ouest, plusieurs fois ajournée en raison des conditions climatiques. Pour mobiliser l’opinion en faveur de l’effort de guerre, les gouvernements intensifient leur propagande et renforcent leur arsenal répressif à l’encontre des "ennemis de l’intérieur". Mais au cours de l’hiver, alors que l’armée française, éprouvée par l’ennui, le froid et la guerre psychologique conduite par les compagnies de propagande nazies, sombre dans une dépression généralisée, la combativité des civils de tous les camps s’émousse également sous l’effet des restrictions et de l’incertitude. Divisés sur l’opportunité de soutenir la Finlande face au géant soviétique, Français et Britanniques s’accordent pour intervenir en Scandinavie après l’invasion du Danemark et de la Norvège par Hitler en avril 1940. Un mois avant le déclenchement de la campagne de France, ce premier affrontement direct entre les belligérants met fin à la "drôle de guerre".
Mobilisation générale
Charriant son lot d’idées reçues, cette déconcertante période, généralement observée à travers le seul prisme de la défaite française de 1940, fait ici l’objet d’une relecture au jour le jour, en immersion dans les pays concernés. Croisant images d’archives françaises, allemandes, britanniques et films amateurs, analyses de grands témoins (Simone de Beauvoir, Charles de Gaulle…) et récits d’anonymes, cette passionnante chronique narrée par Éric Caravaca montre que rien n’était joué d’avance. Le documentaire met en lumière les stratégies déployées à tous les échelons par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni pour affronter un conflit dans lequel ils n’étaient pas véritablement prêts à se lancer.
31 décembre 1944 : alors que la guerre s’achève, de Gaulle inaugure une exposition titrée 'Le front des barbelés sur les captifs d’Allemagne, manière de sensibiliser au sort du million et demi de Français, prisonniers, travailleurs et déportés, disséminés sur le territoire du Reich à l’agonie". Retour à la France, retour à la vie : C’est à Henri Frenay, ex-prisonnier de guerre et fondateur de Combat, ministre des Prisonniers, déportés et réfugiés, qu’est confiée la mission de rapatrier ces "absents". Une entreprise colossale : il faut les identifier, les localiser et organiser, sous les bombardements alliés, leur transport en quatre mois. Hôtel Lutetia À grand renfort de slogans – "Pensez à eux !" – et d’images, le gouvernement d’union nationale mobilise l’opinion, en réunissant hâtivement les rapatriés sous une même bannière. Bientôt, les gares du Nord et de l’Est sont envahies de milliers de visages épuisés, alors que des reportages d’actualité mettent en scène l’émotion des retrouvailles. De l’hôtel Lutetia à la gare d’Orsay, sous la menace des épidémies, se croisent des milliers d’expériences douloureuses, et les corps décharnés des survivants de la Shoah. La gloire des résistants occulte la défaite de 1940. En revanche, les "travailleurs" n’échappent pas à la honte, malgré les tentatives du gouvernement de les en préserver. Les hommes sont libres mais diminués, accueillis par des femmes plus émancipées qui voteront pour la première fois en avril 1945. Historien, le réalisateur Cédric Gruat fait revivre ce retour à travers de formidables archives visuelles et sonores : une immersion dans un épisode peu connu de cette fin de guerre en demi-teinte.