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Comment le champion d’échecs Garry Kasparov s’est-il mué en farouche opposant à Vladimir Poutine ? De son ascension sur fond de guerre froide à son exil new-yorkais, ce captivant portrait déroule la trajectoire d’un génie turbulent, qui a bataillé tout au long de sa carrière pour défendre les libertés. 

Regard de défi, attaques dévastatrices, rage de vaincre… Son style de jeu unique a fait de lui une légende des échecs, qu’il a dominés outrageusement de 1985 à 2000. Né en 1963 à Bakou, d’un père juif azéri, décédé lorsqu’il avait 7 ans, et d’une mère d’origine arménienne, qui sacrifiera sa carrière pour l’amener au sommet, Garry Weinstein forge son génie en observant ses parents s’affronter. À une époque où la guerre froide se joue aussi sur l’échiquier, le prodige – qui a russifié son nom afin d’échapper aux discriminations antisémites – voit pourtant son ascension entravée, le pouvoir soviétique ayant déjà son champion du monde : Anatoli Karpov, qui a lavé l’humiliation de la nation après le titre de l’Américain Bobby Fischer en 1972. En février 1985, Kasparov dénonce ainsi une décision politique lorsque le président de la Fédération internationale d’échecs interrompt le match l’opposant à son compatriote sans désigner de vainqueur. L’affrontement reprendra sept mois plus tard, dans une URSS désormais dirigée par Gorbatchev, dont les velléités réformatrices s’accordent avec l’image de trublion du challengeur. Après vingt-quatre parties, Kasparov devient, à 22 ans, le plus jeune champion du monde de l’histoire. En 1997, celui qui se pensait indétrônable cède pourtant face à l’ordinateur Deep Blue d’IBM, avant d’abandonner sa couronne trois ans plus tard à Vladimir Kramnik. Désormais, il luttera sur le terrain politique, faisant de Vladimir Poutine son adversaire principal… 

Espionnage et coups bas 
Émaillé d’extraits de ses plus grands matchs, ce documentaire réunit une foule d’archives rares et des interviews passionnantes (anciens entraîneur et manageur de Kasparov, grand maître, journalistes, ex-agent du KGB…) pour retracer le parcours de "l’ogre de Bakou", en exil forcé depuis une dizaine d’années. Plongeant dans l’univers trouble des 64 cases, sur fond de faux-semblants, d’espionnage et de basses intrigues, il ressuscite la rivalité mythique qui opposa le champion rebelle à Karpov, "Homo sovieticus" idéal, devenu député de la Douma. De son enfance caucasienne à son inscription récente sur la liste des "terroristes et extrémistes" établie par le Kremlin, ce portrait digne d’un polar met ainsi en lumière l’engagement politique de Kasparov, dont le destin raconte en creux celui de l’URSS.  

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Nouveauté

Obèse depuis l’adolescence, l’auteure Gabrielle Deydier revient sur son histoire et s’élève contre la grossophobie à l’œuvre dans notre société. Une ode à l’acceptation de soi, contre la tyrannie des normes. 

 

"J’ai tendance à dire que je mesure une Kylie Minogue et que j’en pèse trois." Du haut de son 1,54 mètre pour 125 kilos, Gabrielle Deydier, 39 ans, vit depuis son adolescence dans un corps que la société réprouve. Quelques kilos en trop l’amènent à 16 ans à consulter un médecin. Il lui diagnostique, à tort, une maladie hormonale et lui prescrit un traitement assorti d’une diète drastique. Son poids triple, charriant avec lui son lot de moqueries. À l’âge adulte, les discours moralisateurs s’ajoutent aux brimades. Mais après des années passées à se cacher, Gabrielle décide d’assumer son corps différent. En 2017, elle s’attaque à la grossophobie, la stigmatisation des personnes obèses ou en surpoids, et publie On ne naît pas grosse (Éd. Goutte d’or), un vibrant réquisitoire contre l’invisibilisation des gros dans une société où rien n’est pensé pour eux. 

Violence normative 
Aujourd’hui, la joviale Parisienne, native du Gard, s’essaie au roman d’anticipation : l’histoire d’un monde hygiéniste où être gros deviendrait un délit. Émaillé de séquences dystopiques plus vraies que nature, ce documentaire la suit dans son quotidien entre les virées au bar littéraire du coin, les sessions piscine longtemps remises à plus tard par peur du regard des autres ou le retour dans son ancien lycée d’Uzès, lieu de ses premières souffrances. Gabrielle Deydier revient face caméra sur son parcours mais explore aussi auprès de différents témoins (spécialistes, personnes obèses) les conséquences plus larges de la grossophobie, telles que les inégalités salariales ou la violence normative induite par la chirurgie bariatrique. "Un jour, on n’assumera plus de couper des estomacs pour faire maigrir des gens", s’indigne-t-elle. Alors que 10 millions de Français souffrent d’obésité, ce film coup de poing bouscule les clichés et s’interroge sur le traitement réservé à ceux qu’on juge en dehors de la "norme". 

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