Dans "La Mégère apprivoisée", Shakespeare donne le rôle-titre à un personnage de femme profondément insoumise, résolument moderne, qui revendique le droit à la parole et à une certaine liberté (quasi féministe). Non, Catarina ne se laisse pas faire. Elle est en rébellion contre toutes les autorités patriarcales de son temps. Et on serait tenté d'imaginer que Shakespeare est de son côté et qu'il nourrit de l'admiration pour sa "Mégère". En revanche, il n'hésite pas à clore son histoire par le texte d'une femme domptée, assumé par une héroïne métamorphosée. Pourtant ici, c'est la sœur de Shakespeare qui, à travers la voix de Catarina, aura le dernier mot. Dans la mise en scène de Frédérique Lazarini, l'histoire se noue autour d'un cinéma ambulant sur la place d'un village, dans les années 1950 en Italie. L'intrigue se déroule sur la scène et à l'écran pour mettre en exergue cette mise en abîme chère à Shakespeare, où chacun joue son rôle dans une vie qui a tout d'une fiction et d'un grand théâtre.