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Il était une fois... "Rosetta" revisite le tournage et le succès inattendu du chef-d'œuvre de Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui obtint la Palme d'or en 1999. Il s'agissait du quatrième long métrage des cinéastes belges, déjà remarqués avec La promesse en 1996. Défendant un cinéma indépendant et radical, les frères sont intransigeants jusque dans le moindre détail. Leur obsession du réel dominera tout leur cinéma. Rosetta, dont l'héroïne se débat de job en petit boulot, est hanté par le poids du chômage et la menace de la misère. Rosetta montre aussi l'attachement aux cités ouvrières, jamais démenti par la suite, des frères Dardenne, eux-mêmes issus d'une commune industrielle proche de Liège. Le film amènera une double révélation : celle des deux réalisateurs et d’une comédienne éblouissante, Émilie Dequenne, âgée alors de 17 ans, tous trois récompensés au Festival de Cannes 1999. Crise de la sidérurgie Réalisé par Auberi Edler, ce documentaire s'attache, à travers de nombreuses interviews – des cinéastes, d'Émilie Dequenne, d'Olivier Gourmet, notamment et de Ken Loach –, et des images d'archives, à remettre le film des frères Dardenne dans son contexte : le moment, où, malgré les combats et les espoirs, la sidérurgie déclina inexorablement en Belgique. À sa sortie, l'impact de Rosetta dans le pays fut tel qu'à l'instigation de la ministre socialiste Laurette Onkelinx, la "Convention du premier emploi" deviendra le "Plan Rosetta".
Intelligence, émotion, profondeur : à l’image de l’œuvre sur laquelle ils font retour séparément, Asghar Farhadi et ses acteurs semblent toujours unis par un élan collectif d’une exceptionnelle qualité face à la caméra d’Auberi Edler. Et deux ans après le tournage, leur engagement envers ce film phénomène, qui a raflé la plupart des plus grandes récompenses du cinéma mondial et remporté en Iran un immense succès populaire, reste palpable. Fracture sociale, répression du soulèvement populaire de 2009, libertés conquises de haute lutte par les femmes … : Asghar Farhadi n’élude pas les questions politiques, insistant sur l’importance, pour lui, de continuer à tourner dans son pays, même si cela implique de se plier aux contraintes liées à la censure. En écho, l’un des acteurs souligne combien Une séparation colle étroitement à la réalité iranienne, suggérant que c’est peut-être cet ancrage "local" qui en fait une œuvre universelle. Le documentaire livre également de précieuses indications sur la méthode de travail du cinéaste, notamment sur sa direction d’acteurs. Outre des images tournées dans les rues de Téhéran, des archives du "printemps iranien" et de sa répression, et de nombreux extraits du film ou de son making of, un entretien avec une spécialiste du cinéma iranien, Agnès Devictor, étaie cette passionnante analyse à plusieurs voix.
Mais si justes que soient les mots de chacun des protagonistes, c’est une séquence filmée sur le plateau d’Une séparation, à la fin du tournage, qui transmet avec le plus d’éloquence la vérité du film : la jeune Termeh, seule devant le juge, doit décider avec lequel de ses parents divorcés elle souhaite désormais vivre. Sarina, la fille du cinéaste, alors âgée de 13 ans, qui interprète l’adolescente, demande à jouer la scène sans répétition. Les larmes roulent sur ses joues tandis qu’elle affronte ce choix si douloureux - qui ne sera pas révélé au spectateur. Et face à cette toute jeune fille qui confie s’être alors "sentie actrice pour la première fois", deux hommes se mettent aussi à pleurer : le chef opérateur aux cheveux blancs, qui se précipite hors de la pièce dès que le "Coupez !" du cinéaste retentit ; et Asghar Farhadi lui-même, qui enfouit sa tête dans ses mains pour cacher son émotion. Une séquence que la réalisatrice s’abstient finement de commenter, et qui restitue de façon saisissante la densité humaine de ce grand film.
"Bienvenue au club" : au lendemain des oscars 1976, Milos Forman reçoit un télégramme de Frank Capra, le seul qui, avant lui, a remporté les cinq statuettes principales - meilleurs film, réalisateur, scénario, acteur et actrice - avec New York-Miami, en 1936. Vol au-dessus d'un nid de coucou vient d'entrer dans l'histoire.
Pourtant, cette adaptation du best-seller de Ken Kesey a bien failli ne jamais voir le jour. Kirk Douglas, qui a acquis les droits du roman avant même sa publication en 1962, joue le personnage de McMurphy à Broadway mais se heurte à la tiédeur des studios de cinéma. Quelques années plus tard, son fils, Michael Douglas, reprend les rênes du projet et contacte Milos Forman.
Séduit par cette histoire qui le renvoie à la toute-puissance du parti communiste sur la vie de ses concitoyens, le cinéaste tchécoslovaque - il a été naturalisé américain en 1977 - installe son équipe de tournage dans l'hôpital psychiatrique de Salem. Avec le concours du docteur Dean Brooks, les acteurs assistent aux séances de thérapie, côtoient les patients et observent leur comportement. Et tandis qu'une cinquantaine de malades font de la figuration, les autres aident ponctuellement les techniciens.
Tournée dans des conditions exceptionnelles, la révolte de McMurphy, magnifiquement interprété par Jack Nicholson, émeut les spectateurs américains, et le film connaît un succès commercial inattendu à sa sortie, en novembre 1975. Ce documentaire regorgeant d'anecdotes passionnantes mêle habilement images d'archives du tournage et entretiens avec les principaux protagonistes de cette aventure : Milos Forman, Michael Douglas, qui a coproduit le film, Dean Brooks, qui a participé à l'écriture des dialogues, et Louise Fletcher, qui a obtenu le rôle après le refus de cinq grandes stars.