De la "Lisztomania" des admirateurs de Franz Liszt aux jeunes filles hurlant face à Sinatra en passant par les groupies qui ont réussi à faire un moulage du pénis de Jimi Hendrix, le phénomène des fans n’est pas nouveau. Éternels sujets de moqueries, ces passionnés ne demandent pourtant qu’à se défaire de l’image de personnes aux comportements extrêmes et irrationnels qui leur colle à la peau. Avec la démocratisation de la culture, de ses moyens de production et de diffusion, ils prouvent en effet que leurs obsessions peuvent devenir une source de créativité non négligeable et parfois très rentable pour le marché. Influents, notamment en tant que consommateurs, les fans d'aujourd'hui prennent la plume, la caméra et enfilent les costumes de leurs héros pour devenir à leur tour de véritables vedettes, comme Anna Todd ou E. L. James, auteures respectives des best-sellers Before et Cinquante nuances de Grey. Réappropriation De Chicago à Dortmund en passant par Bordeaux, journalistes, auteurs et chercheurs experts en "fans studies" analysent l'émergence de ces comportements culturels. Pour ces communautés de fandom (ultraspécialistes d'un sujet) ou de cosplay (revêtir les costumes de ses personnages favoris), une manière inventive de se réapproprier l'offre pléthorique de la société de consommation culturelle.