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Le dopage a gangrené toutes les disciplines ou presque : cyclisme, foot, basket, boxe, athlétisme...
Champions ou amateurs, ils sont nombreux à jouer avec l’éthique pour améliorer leurs performances dans l’espoir de ravir une place sur un podium ou d’arracher un record. Même pris en flagrant délit, rares sont ceux qui bravent la loi du silence. Iuliia Stepanova, elle, a osé. Bannie de son sport après un contrôle positif à l’EPO en 2013, l’athlète russe, spécialiste du 800 mètres, a dénoncé le dopage systématique institué par sa fédération. Des révélations fracassantes qui ont entraîné la suspension provisoire, toujours en vigueur, de la Russie dans l’organisation et la participation aux compétitions internationales d’athlétisme. La "traîtresse", quant à elle, a pris la route de l’exil pour sa sécurité.
Perpétuellement en avance sur les moyens déployés par les instances étatiques et sportives pour démasquer les tricheurs, les trafiquants diversifient leurs produits, brassant dans l’ombre des milliards sans être inquiétés. Car pour garantir le spectacle des grandes compétitions et conforter les investissements colossaux des sponsors et des médias, l’impunité reste la règle…
Intérêts convergents
Après "Sport : le revers de la médaille", coproduit en 2014 par ARTE, Xavier Deleu met en lumière les différents rouages de la planète dopage. Tournée dans huit pays, cette nouvelle enquête donne la parole à des sportifs dopés, suspendus ou repentis, à l’instar du Français Quentin Bigot, spécialiste du lancer de marteau, mais aussi "propres", comme l’ancien cycliste Christophe Bassons, aujourd’hui conseiller antidopage pour la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Témoignent également des personnalités engagées dans cette lutte, comme Thomas Capdevielle, de l’IAAF (Association internationale des fédérations d’athlétisme) et Olivier Niggli, directeur général de l’AMA (Agence mondiale antidopage), ainsi que des experts et des journalistes.
Du laboratoire d’analyses de l’ALFD (Agence française de lutte contre le dopage) à celui, pharmaceutique, de Chisinau, en Moldavie, qui commercialise des molécules génériques détournées de leur indication première, le film examine aussi l’aspect pharmacologique. Une enquête fouillée qui met au jour les intérêts convergents des États, des industriels, des fédérations et des sportifs, lesquels favorisent un fléau mondial loin d’être éradiqué.
S’ils sont essentiels à la vie sur Terre, certains virus et bactéries transmis via les animaux sont responsables de maladies infectieuses parfois mortelles. Mobilisés pour prévenir de prochaines pandémies, des scientifiques alertent sur la préservation des écosystèmes mis à mal par les activités humaines.
Une nouvelle maladie infectieuse émerge en moyenne tous les quatre mois à travers le monde. Ebola, dengue, grippe aviaire ou porcine, maladie de Lyme... : les trois quarts de ces infections virales ou bactériennes ont pour origine un réservoir animal. Or, de l’élevage intensif à la déforestation et l’urbanisation, les activités humaines ont fait exploser nos interactions avec de plus en plus d’espèces sauvages ou domestiques. De la Thaïlande au Kenya, des États-Unis au Pérou, ce documentaire suit aux quatre coins du monde des chercheurs (virologues, épidémiologistes…) qui étudient et suivent le déplacement des agents pathogènes susceptibles d’engendrer de prochaines pandémies. Unanimes, ces scientifiques tirent la sonnette d’alarme : il est urgent de remettre la préservation des écosystèmes et de la biodiversité au centre de nos préoccupations. Saurons-nous les écouter ?
Un tour du monde des foyers d’infection
En Thaïlande, la virologue Supaporn Wacharapluesadee capture en pleine forêt des chauves-souris. Première scientifique à avoir identifié le génome du Covid-19, elle surveille un autre virus bien plus mortel pour l'homme dont certaines sont porteuses : le Nipah, dont le taux de létalité chez l’homme s’élève entre 70 % et 100 % en Inde et au Bangladesh. Expert en maladies émergentes et président du projet Virome mondial, Dennis Carroll sillonne, lui, toute l’Asie pour identifier de prochains foyers d’infection. Au Kenya, l’équipe de la virologue Tarja Sironen effectue de son côté des prélèvements sur les fluides d’autres chauves-souris chez lesquelles un variant d’Ebola a été détecté. Dans la mer des Wadden, aux Pays-Bas, le professeur Albert Osterhaus étudie la circulation du virus H5N1 : transmis par des oiseaux migrateurs, ce dernier décime ici des phoques. Aux États-Unis, où la maladie de Lyme, en pleine expansion dans l’hémisphère Nord, affecte chaque année plusieurs centaine de milliers de personnes, la chercheuse Kelly Oggenfuss piège des souris pour étudier les tiques qui les parasitent et transmettent la maladie. Militant pour l’interdiction du commerce de viande de brousse, réservoir de zoonoses, Asli Han Gedik circule dans un marché de plein air à Lagos, au Nigeria, où sont vendus vivants crocodiles, antilopes, agoutis ou pangolins. Au Pérou, les scientifiques ont mis en évidence le rôle de la route transamazonienne, qui relie l’Atlantique au Pacifique, dans la propagation du paludisme. Mais également celle de la dengue : contaminés par des moustiques, les orpailleurs illégaux transmettent ensuite la maladie à leur entourage. En Guyane, des scientifiques enquêtent sur le processus qui a permis à la bactérie responsable de l’ulcère de Buruli, une affection cutanée sévère, de se répandre dans une trentaine de pays…
Derrière son image familiale et écolo, le géant du meuble suédois, plus gros consommateur de bois au monde, révèle des pratiques bien peu scrupuleuses. Une investigation édifiante sur cette firme à l’appétit démesuré.
C’est une des enseignes préférées des consommateurs, qui équipe depuis des générations cuisines, salons et chambres d’enfants du monde entier. Depuis sa création en 1943 par le visionnaire mais controversé Ingvar Kamprad, et au fil des innovations – meubles en kit, vente par correspondance, magasins en self-service… –, la petite entreprise a connu une croissance fulgurante, et a accompagné l’entrée de la Suède dans l’ère de la consommation de masse. Aujourd’hui, ce fleuron commercial, qui participe pleinement au rayonnement du pays à l’international, est devenu un mastodonte en expansion continue. Les chiffres donnent le tournis : 422 magasins dans cinquante pays ; près d'un milliard de clients ; 2 000 nouveaux articles au catalogue par an… et un exemplaire de son produit phare, la bibliothèque Billy, vendu toutes les cinq secondes. Mais le modèle Ikea a un coût. Pour poursuivre son développement exponentiel et vendre toujours plus de meubles à bas prix, le géant suédois dévore chaque année 20 millions de mètres cubes de bois, soit 1 % des réserves mondiales de ce matériau… Et si la firme vante un approvisionnement responsable et une gestion durable des forêts, la réalité derrière le discours se révèle autrement plus trouble.
Greenwashing
Pendant plus d’un an, les journalistes d’investigation Xavier Deleu ("Épidémies, l’empreinte de l’homme") et Marianne Kerfriden ont remonté la chaîne de production d’Ikea aux quatre coins du globe. Des dernières forêts boréales suédoises aux plantations brésiliennes en passant par la campagne néo-zélandaise et les grands espaces de Pologne ou de Roumanie, le documentaire dévoile les liens entre la multinationale de l’ameublement et l'exploitation intensive et incontrôlée du bois. Il révèle comment la marque au logo jaune et bleu, souvent via des fournisseurs ou sous-traitants peu scrupuleux, contribue à la destruction de la biodiversité à travers la planète et alimente le trafic de bois. Comme en Roumanie, où Ikea possède 50 000 hectares de forêts, et où des activistes se mobilisent au péril de leur vie contre une mafia du bois endémique. Derrière la réussite de l’une des firmes les plus populaires au monde, cette enquête inédite éclaire l’incroyable expansion d’un prédateur discret devenu un champion du greenwashing.