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L’explosion de la dette publique hante l’Europe depuis la crise financière de 2007.
Le risque d’une faillite de la Grèce et d’une contagion à d’autres pays de la zone euro a été mal géré par les gouvernements, trop hésitants et rarement d’accord sur la politique à suivre. Ce soutien tardif a déclenché la méfiance des marchés. Les politiques d’austérité ont stoppé l’hémorragie des déficits publics mais ont mis à genoux les économies du sud de l’Europe. La Grèce, le Portugal et l’Espagne se sont enfoncées plus profondément dans la crise. Mais comment est-on arrivé là ? Et qu’est-ce que la dette publique ? Restructurer la dette ?
En compagnie des économistes français Thomas Piketty et Bernard Maris, assassiné le 7 janvier, de la députée socialiste française Karine Berger, de l'anthropologue et militant anarchiste américain David Graeber et du député européen belge écologiste Philippe Lamberts, la réalisatrice Laure Delesalle propose un passionnant voyage dans les rouages de l’économie. Au contraire d'un plaidoyer "pour ou contre" la dette, son documentaire raconte son histoire de la fin du Moyen-Âge à nos jours et éclaire les dessous de la crise actuelle. Il lance également des pistes pour la résoudre et prémunir la zone euro de soubresauts futurs, en rappelant que l'endettement est vieux comme le monde. Aujourd’hui, rappelle le film, nous vivons tous à crédit : maisons, voitures, écoles, dépenses publiques, tout est financé par des emprunts. Aussi le débat sur les voies qui s'offrent à l'Europe pour restructurer les dettes existantes est-il essentiel. Cette passionnante enquête politico-financière éclaire une actualité relancée aujourd'hui par la victoire en Grèce du parti de la gauche radicale Syriza et l'annonce, le 22 janvier, du futur rachat des dettes souveraines par la Banque centrale européenne à hauteur de 1 000 milliards d’euros.
À travers trois affaires significatives, un décryptage édifiant du pouvoir des tribunaux d’arbitrage internationaux, qui menacent de faire prévaloir les profits des multinationales sur l’intérêt général.
À l’automne 2016, des millions d’Européens descendent dans la rue pour protester contre le Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada. Son rejet par la Wallonie, par la voix de son ministre-président Paul Magnette, plonge alors l’UE dans une grave crise et place les tribunaux d’arbitrage sous le feu des projecteurs – et des critiques. Ce dispositif, prévu dans le cadre de nombreux accords commerciaux internationaux, permet à des multinationales d’attaquer les États devant des juges privés – des avocats d’affaires –, afin de réclamer la compensation d’un manque à gagner réel ou potentiel induit par un changement de législation. En 2016, Cosigo Resources Ltd. a ainsi déposé une demande d’arbitrage contre la Colombie : en classant "parc naturel national" un territoire amazonien sacré, Bogotá a annulé la concession minière de la compagnie canadienne, laquelle estime son préjudice à 16 milliards de dollars, soit environ 20 % du budget national colombien…
Souveraineté ébranlée
"L’arbitrage est un système profondément défaillant. Il n’est pas juste, pas indépendant, et il est loin d’être équilibré", assène le professeur de droit canadien Gus Van Harten. De la Colombie à l’Allemagne en passant par le Pérou, aux prises avec la multinationale Renco, dont la fonderie de plomb de La Oroya (la "Tchernobyl des Andes") crache des fumées toxiques qui empoisonnent les enfants, Laure Delesalle (La dette, une spirale infernale ?) a enquêté dans les arcanes de cette justice opaque, au pouvoir démesuré. Créé par les États, dans l’objectif d’attirer des investisseurs, ce système fragilise leur capacité à légiférer sur l’environnement, la santé, les conditions de travail, le tout au détriment des citoyens, qui seront en outre amenés à payer l’addition.
Le dollar est-il en péril ? Première puissance économique mondiale, les États-Unis sont aussi le pays le plus endetté de la planète.
Ce film enquête sur cette ardoise qui vaut aujourd’hui 8 000 milliards de dollars. “Le pays tout entier vit au-dessus de ses moyens”, constate Nouriel Roubini, professeur d’économie à la New York University. Malgré une Bourse au sommet, les citoyens américains ne s’enrichissent pas. Ils multiplient les cartes de crédit, afin de consommer toujours plus. Interviewés dans ce documentaire, certains d’entre eux racontent cette vie à crédit ou expriment leur révolte face à l’absurdité du système, comme cette vendeuse ambulante qui refuse de payer ses impôts. Interrogés aussi, les économistes s’inquiètent mais ne délivrent pas le même diagnostic.
Certains croient au dicton “Quand l’Amérique tousse, c’est le monde entier qui s’enrhume”, et annoncent une chute du dollar avec, à la clé, une grave crise mondiale. D’autres prévoient une récession en douceur qui diminuerait le niveau de la dette. Reste que la classe moyenne, dont le niveau de vie diminue, s’alarme. Elle assiste à la crise de certains secteurs de l’industrie américaine, comme celui de l’automobile, voit s’effondrer l’emploi et maintenant l’immobilier, avec des répercussions immédiates sur tous les crédits en cours et sur les fonds de garantie. De plus, les entreprises délocalisant pour produire à moindre coût, la Chine est l’un des principaux pays à produire pour les États-Unis et à leur avancer des fonds, finançant ainsi leur croissance. Un mécanisme sans fin qui risque de plonger l’Amérique dans le gouffre.