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Ce modèle de croissance aberrant qui pousse à produire et à jeter toujours plus ne date pas d'hier. Dès les années 1920, un concept redoutable a été mis au point : l'obsolescence programmée. "Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs.
À l'image de la tragédie qui embrase l'Australie, des incendies géants et incontrôlables dévorent les forêts partout dans le monde. Cet état des lieux planétaire explique en détail pourquoi les "mégafeux" vont se multiplier, et comment réagir.
Australie, Californie, Sibérie, Suède, Portugal, Grèce, Amazonie … : depuis plus d'une décennie, la litanie des "mégafeux" rythme l'actualité, si fréquemment désormais qu'une catastrophe chasse la précédente dans les esprits. Beaucoup ont oublié qu'en 2016, dans la ville pétrolière de Fort McMurray (Canada), des incendies de forêts incontrôlables ont atteint l'agglomération, entraînant l'évacuation de la quasi-totalité des 100 000 habitants et la destruction de milliers de maisons. Cette fois-là, les secours sont parvenus à sauver toutes les vies, mais depuis, des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans l'un de ces incendies géants. S'ils anéantissent déjà chaque année plus de 350 millions d'hectares de forêts, soit six fois la France, et se propagent de plus en plus souvent aux zones habitées, le pire est à venir. Dans cette enquête planétaire, Cosima Dannoritzer (Prêt à jeter) part à la rencontre de pompiers, de scientifiques et d’experts du feu, de l'Europe à l'Indonésie en passant par les États-Unis et le Canada, et montre que la plupart des forêts du globe constituent de véritables "bombes à retardement", susceptibles de se déclencher à la moindre étincelle.
"Pyrocène"
Hausse des températures, et donc de la sécheresse, en raison du changement climatique, fragilisation des arbres, extension constante des zones habitées, défaut d'entretien des campagnes, défrichage sauvage par feux de tourbière pour la production d'huile de palme… : l'enquête détaille aussi bien les causes que le fonctionnement de ces brasiers géants, semblables à des "centrales nucléaires en mouvement", qui aggravent à leur tour le changement climatique, consumant l'oxygène et libérant le carbone dans l'atmosphère. Les cataclysmes auxquels nous assistons constitueraient les signes avant-coureurs de notre entrée dans une nouvelle ère, celle du "Pyrocène". "Il nous reste vingt ans pour réagir", estime Paul Hessburg, l'un des spécialistes mondiaux des feux de forêt. Si, entre technologies de pointe et réactivation de méthodes oubliées, on s'efforce de concevoir de nouveaux moyens de lutte, cet état des lieux très fouillé, qui substitue l'explication à l'alarmisme, souligne que le remède passe aussi par de nouveaux comportements collectifs : il nous faut apprendre à vivre avec le feu, processus naturel qu'on ne peut espérer contrôler par la seule technique. Une prévention plus aisée à mettre en œuvre que la lutte contre le changement climatique.
Comment expliquer la recrudescence des cas d'allergies dans le monde ? Une enquête éclairante sur un problème de santé publique qui avance à bas bruit.
Arachides, pollens, acariens, poils de chat… : ces substances déclenchent des réactions potentiellement graves chez un nombre grandissant de personnes. Rare au début du XXe siècle, la rhinite allergique touche aujourd’hui 20 à 30 % de la population française. Pourquoi nos systèmes immunitaires s'emballent-ils devant des éléments normalement inoffensifs ? La décennie 1960 marque le début de l’augmentation significative des allergies dans le monde. Avènement de la société de consommation, apparition de la nourriture industrielle, mise sur le marché des détergents chimiques : ce nouveau mode de vie perturbe notre système immunitaire, hérité en grande partie du métissage entre Homo sapiens et Néandertaliens. En laboratoire, une expérience montre les conséquences désastreuses que peuvent avoir sur les cellules pulmonaires d’infimes traces de nettoyant restées sur la vaisselle après un lavage en machine. Car, exposées au produit, les barrières cellulaires s’effondrent, laissant la porte ouverte à des hôtes indésirables (allergènes, toxines, virus…). Quand il est surexposé à des substances irritantes, le système immunitaire peut réagir au quart de tour, provoquant éternuements, éruptions cutanées ou, pire, un choc anaphylactique mortel. Le réchauffement climatique, lui aussi, joue un rôle dans la hausse des allergies. Il favorise la prolifération des plantes invasives et augmente la concentration de pollens dans l'air, une situation aggravée par les phénomènes météorologiques extrêmes et la pollution…
Raz-de-marée
En 2050, quatre milliards de Terriens souffriront d’une forme de maladie allergique. De l’Australie à l’Allemagne en passant par les États-Unis, la France, l’Espagne ou encore les Alpes suisses, Cosima Dannoritzer (Prêt à jeter) décrypte les causes de ce raz-de-marée. Entre immersions en laboratoire, interviews de spécialistes (allergologues, professeurs en génomique humaine, en botanique…) et animations didactiques, son enquête explique avec clarté les mécanismes internes du corps humain, fait le point sur les recherches en cours, notamment de traitements novateurs, et déjoue au passage quelques mythes – éviter certains allergènes ne protège pas notre système immunitaire. À la fois historique, scientifique, médical et environnemental, un éclairage passionnant sur un mal contemporain prenant des proportions épidémiques.
Du Japon aux États-Unis, ce documentaire captivant montre comment le temps, devenu une marchandise, nous échappe de plus en plus.
Au début du XXe siècle, le monde se synchronise. Alors qu'avant la révolution industrielle chaque ville avait son propre rythme, l'Observatoire de Paris crée le "temps universel" en 1912. Grâce à six antennes qui descendent depuis le troisième étage de la tour Eiffel et se déploient sur toute la longueur du Champ-de-Mars, Paris donne le signal horaire international. Dans les usines, chaque minute est désormais comptée. Un siècle plus tard, aux États-Unis, des ouvriers de l'industrie du poulet se voient refuser le droit d'aller aux toilettes pour éviter toute perte de temps. Au Japon, pays du karoshi – la mort par surmenage –, la pression à "travailler plus" qu'exerce la société a des effets dramatiques : chaque année, plus de 10 000 Japonais succomberaient au burn out. Des initiatives émergent pour lutter contre ce mal du siècle. Alors qu'en France la loi Mathys permet depuis 2014 aux parents d'enfants gravement malades de bénéficier de dons de jours de repos, en Allemagne, une association de consommateurs se bat contre les nouveaux maîtres du temps que sont devenus les réseaux sociaux.
Résistances
De la mise en place de fuseaux horaires pour éviter les accidents de train au XIXe siècle aux travaux de Frank B. Gilbreth pour augmenter les cadences en usine, cette enquête passionnante, nourrie d’étonnantes archives historiques, raconte la manière dont le temps est devenu une valeur marchande. Aux quatre coins du monde, le documentaire donne la parole à des spécialistes, qui expliquent les liens entre histoire du temps, capitalisme et mondialisation, mais aussi à des anonymes qui luttent contre les "voleurs de temps".
Lillian et Frank Gilbreth
Moins connus que Frederick Taylor – l'inventeur du taylorisme –, le couple d'ingénieurs Lillian et Frank Gilbreth a mis au point dans les années 1920 une méthode révolutionnaire pour améliorer le rendement des ouvriers. Avec une caméra, ils ont enregistré leurs actions, chronométrées par une horloge, comme le montre l'une des étonnantes archives filmées de ce passionnant documentaire. Une fois ces séquences analysées, les pionniers américains des "time and motion studies" – soucieux d'éliminer les gaspillages, les dangers et la pénibilité dans les usines – ont proposé un enchaînement amélioré. Après la guerre, alors que l'efficacité devient le mot d'ordre, les techniques des Gilbreth sont rapidement appliquées dans de nombreux domaines, comme la restauration rapide.
Le précédent documentaire de Cosima Dannoritzer, "Prêt à jeter", diffusé par ARTE en 2011, se terminait près d'une décharge sauvage et tristement célèbre, à Agbogbloshie, dans la banlieue d’Accra, la capitale du Ghana. Là, des enfants jouent et désossent des appareils électroniques hors d'usage environnés de fumées pestilentielles et toxiques. La nouvelle enquête de la réalisatrice allemande prend ce site pour point de départ, aiguillonnée par l'indignation de Mike Anane, journaliste ghanéen spécialisé dans l'environnement. Celui-ci veut savoir pourquoi son pays est devenu la poubelle des pays développés. Cette question va conduire la réalisatrice dans plusieurs pays d'Europe, en Asie et aux États-Unis, champions de la pollution électronique, et dévoiler une chaîne de responsabilités et de complicités complexes.
Ordures sonnantes et trébuchantes
La convention de Bâle, ratifiée par tous les pays du monde à l'exception des États-Unis et d'Haïti, interdit depuis 1989 l'exportation des déchets électroniques. En Europe, le prix de chaque appareil neuf inclut même une éco-participation qui couvre le coût de son recyclage. Pourtant, seuls 25 % des déchets électroniques de l'UE sont effectivement recyclés. Le reste est exporté illégalement et finit souvent dans des décharges clandestines en Afrique (Ghana, Nigeria…), en Asie ou en Amérique du Sud. Les "e-déchets" contiennent en effet des matériaux précieux (or, cuivre, etc.) qui attisent la convoitise des petits trafiquants et de la criminalité organisée. En Chine, ceux qui démontent les vieux ordinateurs récupèrent parfois aussi les puces électroniques pour les revendre. Certaines, réutilisées sans qu'on sache qu'elles sont usagées, peuvent mettre en péril le pilotage d'un TGV, d'un avion…À travers une enquête dense, menée tambour battant, Cosima Dannoritzer démonte l'écheveau complexe de complicités et de négligences qui font sortir les trois quarts des 50 millions de tonnes de déchets électroniques produits chaque année des circuits officiels. En 2012, l'Europe a décidé de renforcer les contrôles pour endiguer ce flot. Mais en quelques exemples édifiants, on voit qu'elle n'est pas au bout de ses peines. Il faut une demi-journée à un officier des douanes de Hambourg, consciencieux de surcroît, pour contrôler le contenu d'un conteneur, sachant qu'il en voit passer dix mille chaque jour… La réalisatrice traque aussi, en milieu hostile, parfois à l'aide d'une caméra cachée, la revente et le stockage des déchets électroniques en Europe et en Asie. Des infographies, des exemples concrets, étayés par de nombreux témoignages – militants, représentants des forces de l’ordre (gendarmerie, Interpol, douanes), acteurs de la filière du recyclage – permettent de découvrir les multiples failles du système.