À l’heure d’imaginer ce septième album, mais son premier pour le label AT(h)OME, Da Silva a fait table rase de son passé (plus ou moins) récent. Pour ce disque qu’il a un instant pensé enregistrer à Cuba, il a choisi comme fil conducteur de ne pas en avoir. Il rêvait surtout "de bordel, de désordre", de renouer avec ces premiers vertiges, en essayant d’être le moins professionnel possible, en redevenant un débutant "qui fait un peu n’importe quoi". Mais qui finit par le faire bien – et c’est bien là l’essentiel –, grâce à une écriture décomplexée, grâce à une certaine négligence qui mène parfois à l’excellence. « Au revoir chagrin » dévoile dix chansons (et ici, ce n’est pas un mot à prendre à la légère) aux personnalités bien trempées. Des chansons qui flirtent avec la pop (« S’agapò »), le reggae (« Le Garçon »), la valse (« Rien »), et prennent un accent brésilien (« Loin ») ou mariachi (« À l’endroit de la douleur »). Des chansons où l’on croit apercevoir les silhouettes de Tom Waits, Jean-Louis Murat et Brigitte Fontaine, où l’esprit du label Saravah semble s’être glissé dans les silences, où l’on croise Sylvie Hoarau de Brigitte ou Hakim Hamadouche, un proche du regretté Rachid Taha. Épris comme jamais de cette liberté qui lui colle pourtant à la peau comme ces tatouages qu’il affectionne, Da Silva a pris ses responsabilités pour imaginer un album exotique et métissé, une invitation à un voyage musical et mélodique "loin du monde" tel qu’on le connait aujourd’hui. Un voyage pour lequel on se contentera de prendre un aller simple.