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Sans se concerter, onze millions de vacanciers décident de ne pas rentrer chez eux, ni de reprendre le travail ou l'école, à la fin du mois d'août. Ils expriment leur insatisfaction face à la crise, au terrorisme et à l'absentéisme électoral. Pendant que le gouvernement tente de trouver des solutions, les patrons menacent de licencier en masse et les banques de bloquer les comptes. Premier roman.
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Nouveauté

Un portrait impressionniste du "prince du cool", comédien culte et fils spirituel de Keaton, dont la carrière à éclipses et l’imprévisibilité continuent à nourrir le mythe.

 

Partir en quête de Bill Murray, 68 ans, comédien à la mélancolie existentielle et au potentiel comique hors norme, c’est un peu comme chasser le dahu dans les Alpes : une mission impossible pleine de promesses. La notice biographique du "pape du cool" fournit quelques repères : les origines catholiques irlandaises, la famille nombreuse (huit frères et sœurs), l’enfance dans le pavillon le plus modeste d’une banlieue chic de Chicago et le talent précoce, et redoutable, pour l’improvisation, dans l’ombre d’un aîné comédien. Imprévisible – consommateur invétéré de cannabis, il est arrêté à 20 ans pour avoir convaincu les passagers d’un vol qu’il transportait des bombes. Cet électron libre trouve, aux côtés du survolté John Belushi, mort à 33 ans, et de Harold Ramis, futur réalisateur de l’iconique Un jour sans fin, avec lequel il se fâchera au cours du tournage, des acolytes à sa démesure. De la troupe trash du National Lampoon au show TV loufoque Saturday Night Live, ces pionniers subversifs du stand-up osent tout, secouant férocement l’Amérique des seventies. Mais starisé, dans les années 1980 par la comédie hollywoodienne (Meatballs ou, surtout, SOS Fantômes), Murray déprime, d’autant que Le fil du rasoir, adaptation du roman de Somerset Maugham, dans lequel, en moine bouddhiste, ce misanthrope trouve un écho à sa propre quête spirituelle, fait un flop. Il disparaît alors des écrans radars et se réfugie un temps à Paris, étudiant incognito à la Sorbonne et assouvissant une passion nouvelle pour Keaton à la Cinémathèque.

Incontrôlable
Aujourd'hui, l’acteur culte promène, avec une fausse désinvolture, sa silhouette de géant impassible dans le meilleur du cinéma, du sur mesure Lost in translation de Sofia Coppola au burlesque poétique de son désormais frère d’âme Wes Anderson. Mais à ses heures, l'amateur de karaoké va taper l’incruste dans un mariage ou un colloque lambda, au nom de sa délirante tournée "Bill Murray can crash here", qui provoque l’hystérie collective. C’est ce phénomène, idole flegmatique à la vie privée chaotique, que tente de saisir Stéphane Benhamou, au fil d’archives et de témoignages, en se réjouissant in fine que l’irrésistible héros de La vie aquatique lui échappe, comme à tout contrôle et à toute définition. Car son film montre surtout combien Bill Murray reste, envers et contre tous, le seul auteur de sa légende et le génial orchestrateur de son énigme.

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Sa carrière, qu’en jeune fou il a d’abord sabotée, s’est bonifiée avec les années. Un portrait savoureux de l’acteur et producteur Harvey Keitel.  

"Quand j’avais 17 ans, j’étais un petit salaud, complètement fêlé", dira le personnage, autobiographique, qu’il interprète dans Smoke de Paul Auster et Wayne Wang. Longtemps, Harvey Keitel ne s’est pas senti à sa place. Issu d’une famille juive pauvre de Brooklyn, il est élevé par un grand-père strict qui lui inculque la religion et la pudeur. Tenaillé par le doute, le jeune Harvey préfère à la synagogue les attractions de Coney Island. Puis il apaise ses conflits intérieurs en allant au cinéma. Surnommé "le blasphémateur", il crache par bravade sur les mézouzas de son quartier. Mais à l’inverse, lorsque ce jeune homme à la dérive s’engage trois ans dans les marines, il exhibe l’étoile de David dans les pays arabes. L’occasion aussi pour lui de barder d’une solide musculature ce corps qui l’embarrasse. Miraculeusement, un cours de théâtre où il rencontre Lee Strasberg, le futur pape de l’Actors Studio, lui révèle sa vocation de comédien. Puis il croise Martin Scorsese, son double catholique grandi à Little Italy, avec lequel l’entente est immédiate. Le cinéaste prometteur en fait son alter ego, et le dirige dans Who’s that Knocking at my Door, puis dans Mean Streets, aux côtés de Robert De Niro. Le film triomphe mais, bizarrement, Harvey Keitel choisit de s’effacer derrière son confrère et ami, déclinant ainsi le premier rôle de Taxi Driver. Alors que le duo Scorsese/De Niro enchaîne les succès, ce perfectionniste agace les réalisateurs par ses questionnements incessants, et sa cote à Hollywood plonge.  

Retour en grâce 
Parsemé d’archives savoureuses, ce film explore la carrière en dents de scie d’un immense acteur miné par un sentiment d’illégitimité, qui s’est d’abord sabordé lui-même avant de trouver sa voie hors du cénacle hollywoodien. Si le film Bad Lieutenant d’Abel Ferrara, sorti en 1992, marque son retour en grâce, Harvey Keitel s’est aussi épanoui dans le cinéma d’auteur en tournant notamment La mort en direct de Bertrand Tavernier. Homme des premiers films, il a eu le flair de coproduire ceux de Paul Auster et de Quentin Tarantino. De nouveau estimé par les plus grands réalisateurs hollywoodiens, il s’offre une fin de carrière classieuse avec des rôles sur mesure. Aujourd’hui apaisé, il illumine ce portrait, nourri de plusieurs de ses interviews, par sa spontanéité, son ouverture d’esprit et l’humilité avec laquelle il a apprivoisé ses fêlures.

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