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Retour sur la vie de J. R. R. Tolkien, auteur méticuleux et obsessionnel du Seigneur des anneaux, à travers les différents langages qui ont donné vie à son univers. Le succès phénoménal de l’œuvre de Tolkien ne repose pas sur un simple hasard. Dans ce documentaire, toute la psychologie d’un homme complexe se révèle, entre enfant rêveur et philologue méticuleux. En résulte une biographie délicate de la vie de l’auteur qui a fasciné des générations de lecteurs. Inspiré par les légendes anglo-saxonnes et les sagas nordiques, l'écrivain rêvait à des passés disparus où la dualité opposant le bien au mal primerait sur un système moderne qui ne lui convenait pas. Également professeur de langue, Tolkien, entre deux copies, a commencé à déverser sa nostalgie et ses aspirations dans une œuvre fleuve, préférant recréer de toutes pièces un univers à son image plutôt que de continuer à vivre dans celui qu’il devait subir.
Fantasy chirurgicale
C’est d’abord par ses différents langages que la Terre du Milieu s’est matérialisée. Linguiste et chercheur, Tolkien a développé un large panel de langues inventées, extrêmement codifiées et complexes, dont les diverses variations ont favorisé l’émergence d’une autre Histoire, avec ses légendes, personnages mythiques et bouleversements propres, menant du Hobbit à la trilogie du Seigneur des anneaux. Personne ne s’attendait au succès phénoménal de la saga, mais soixante ans après sa publication, l’univers de l’écrivain continue de faire rêver. Mieux, l’œuvre a servi de base à la propagation d’idées libertaires et contestataires dans les années 1960, tant la jeunesse voulait voir dans les forces des ténèbres de Tolkien la métaphore d’un système politique qu’ils jugent sclérosé. Un combat opposant la singularité de l’imagination à un système répressif qui reste d’actualité. Plus de quarante ans après sa mort, l’héritage de Tolkien continue à vivre à travers le travail de mémoire de ses lecteurs : jeux de rôles, mondes persistants sur le web, et créations inspirées de la saga… Un voyage au cœur d’une œuvre qui a marqué le genre littéraire de la fantasy, ponctué d’extraits lus avec douceur et maestria par Michael Lonsdale.
Associé à la création "pure", l’art brut suscite aujourd’hui un fol engouement sur le marché de l’art. Comment, dès lors, préserver son authenticité ? À la rencontre d’artistes singuliers souvent vulnérables, une plongée dans des imaginaires foisonnants.
Primitif, infantile, obsessionnel, émouvant, troublant, angoissant, exaltant... Tout a été dit sur l'art brut. Mais qui sont les auteurs, marginaux et autodidactes, des œuvres désignées sous ce label, qui suscite aujourd’hui un fol engouement, des salles de ventes aux grands musées ? Ce concept a été inventé dans les années 1940 par Jean Dubuffet qui collectait, dans des asiles psychiatriques, des prisons ou des villages des œuvres dont les producteurs n’avaient nulle conscience d’être des artistes, et qui renouaient ainsi, selon lui, avec l’essence même de l’art : la pulsion créatrice sans filtre, aux antipodes de la culture académique. Emblématique, la Suissesse Aloïse Corbaz, qui peignait en série des couples fusionnels, ou Hassan, le clochard de Barcelone, auteur compulsif de fulgurants dessins sur des caisses de vin, s’intéressaient à leur seul processus de création. Comment, dès lors, protéger cet art de la disparition, sans le dénaturer ? À Francfort, l’atelier Goldstein s’emploie à maintenir ce délicat équilibre, en accueillant en résidence des artistes atteints d’un handicap ou d’un trouble cognitif, comme Julius Bockelt, dont les œuvres sur papier sont saturées des ondes et des vibrations qu’il perçoit, notamment dans la beauté éphémère des nuages.
Le prix de la liberté
Face à la loi du marché, cette "altérité", émanant d’une fragilité mentale ou sociale, va-t-elle se dissoudre ou résister, pour conserver son authenticité et sa radicale liberté ? Actuelle figure majeure du genre, l’Américain George Widener, atteint du syndrome d’Asperger et obsédé par les dates, a longtemps vécu dans la rue et se réjouit de sa reconnaissance. "J’espère qu’on voit en moi plus qu’un autiste surdoué du calendrier. J’aime être vu comme un artiste", insiste-t-il, fustigeant le prétendu romantisme de la pauvreté et des marges, auxquelles on voudrait l'assigner ainsi que ses pairs. Comme lui, Jill Galliéni, dont les "prières" s’arrachent, ou Marilena Pelosi, autrice de dessins intenses surgis de son inconscient, nous ouvrent leur univers intime en évoquant avec émotion leur différence. À leur rencontre, et aux côtés d’historiens, de collectionneurs et de marchands, Simon Backès plonge dans le prodigieux foisonnement de cette création "pure" et explore en profondeur l’évolution de sa place dans la société.